Le mois sacré de Ramadan, période où les habitudes de consommation des Marocains changent considérablement, transforme également leurs repas et leurs tables. C’est un mois où l’appétit s’ouvre largement, et où le consommateur jeûneur devient vorace, avide de goûter et d’acheter tout ce qu’il voit sur les marchés, même s’il n’en a aucun besoin. Ce désir irrationnel le pousse à acquérir des produits superflus.
Pendant ce mois béni, des marchés saisonniers apparaissent, et les rues, ruelles et quartiers se remplissent de commerçants occasionnels, dont la plupart n’exercent une activité commerciale que durant cette période. Ces vendeurs proposent toutes sortes de marchandises, parfois inhabituelles et surprenantes, visibles dans les marchés populaires des grandes villes. Parmi ces produits, on trouve des boissons gazeuses, des jus, des conserves de poissons, des pâtisseries, ainsi qu’une variété de fruits exotiques. Une grande partie de ces marchandises est souvent périmée, avariée ou d’origine inconnue.
Ces produits sont vendus à des prix dérisoires. Face à l’augmentation constante des prix, les consommateurs les plus modestes se tournent vers ces denrées alimentaires bon marché, malgré leur méfiance quant à leur provenance et l’absence de contrôle sanitaire. Ils oublient alors le proverbe marocain : « Quand c’est bon marché, laisse-en la moitié. » Ces aliments de contrebande ou d’origine douteuse peuvent provoquer de graves problèmes de santé publique. Les effets nocifs de ces produits ne se manifestent pas toujours immédiatement, mais certains peuvent causer des dommages à long terme.
Durant ce mois, une nouvelle forme de cupidité émerge également : celle des trafiquants de produits alimentaires avariés et impropres à la consommation. Bien que les autorités compétentes surveillent étroitement ces pratiques, certains de ces produits parviennent tout de même à se faufiler sur nos marchés. Il est rassurant de voir, à travers les reportages télévisés, que les services spécialisés saisissent régulièrement des denrées avariées destinées à être consommées par les Marocains pendant ce mois de forte consommation.
Nous espérons que ce contrôle s’intensifiera tout au long de l’année, non seulement dans les marchés hebdomadaires ruraux, souvent en dehors de toute surveillance, mais aussi dans les petites épiceries de quartier.
En évoquant ces aliments avariés et impropres à la consommation, il convient de tirer la sonnette d’alarme concernant un autre danger : les produits agricoles issus des exploitations situées en périphérie des grandes villes, où l’irrigation repose sur des eaux usées. Ce problème est particulièrement préoccupant pour les légumes, dont certains sont arrosés directement avec les eaux d’égout à ciel ouvert, notamment aux abords des routes nationales près de Casablanca.
Certaines exploitations agricoles se spécialisent même dans la culture de plantes destinées à l’alimentation du bétail, telles que le maïs, la luzerne et le trèfle, elles-mêmes irriguées avec ces eaux usées. Ce phénomène constitue une menace grave pour la santé publique, et nécessite une intervention rigoureuse et permanente des autorités compétentes.