Lorsque la Banque mondiale a récemment tiré la sonnette d’alarme sur le marché de l’emploi au Maroc, ce n’est pas seulement parce que le taux de chômage a atteint, sous le gouvernement Akhannouch, des niveaux sans précédent dépassant les 13 % – un record dans l’histoire du Maroc indépendant – mais aussi parce que les solutions de création d’emplois restent bien en deçà des attentes d’un pays cherchant à s’inscrire dans la dynamique des économies émergentes de la région MENA.
Bien que les perspectives économiques du Maroc soient jugées solides par les institutions internationales, caractérisées par une maîtrise de l’inflation, un positionnement extérieur renforcé et une trajectoire économique orientée vers la stabilisation des finances publiques et de la dette par rapport au PIB, le marché du travail demeure un obstacle majeur à ces perspectives prometteuses. Malgré une amélioration notable dans les zones urbaines avec la création d’environ 162 000 emplois, la génération d’opportunités d’emploi reste un défi de taille, suscitant des inquiétudes pour le long terme. Cette problématique est exacerbée par l’augmentation de la population en âge de travailler de plus de 10 % au cours de la dernière décennie, alors que les créations d’emplois n’ont progressé que de 1,5 %. Ce décalage reflète les répercussions persistantes de la crise post-pandémique, les effets différés des réformes récentes et la faible participation des femmes au marché du travail.
Les réformes structurelles engagées par le Maroc depuis plus d’une décennie pour renforcer sa compétitivité nécessitent aujourd’hui d’être poursuivies avec détermination afin de surmonter les récents chocs économiques et les défis liés à l’emploi, notamment chez les jeunes. Ces réformes sont cruciales pour assurer une croissance économique durable et doivent impérativement être accompagnées d’améliorations ciblées du climat des affaires.
Bien que les institutions financières internationales, en particulier la Banque mondiale, prévoient une hausse du taux de croissance globale à 3,6 % en 2025 et 3,5 % en 2026, et malgré les précipitations récentes qui auront des effets positifs sur le secteur agricole, ces éléments ne suffiront pas à dynamiser le marché du travail ni à réduire le chômage. Ainsi, le gouvernement Akhannouch, qui entame la dernière année de son mandat, voit la situation de l’emploi continuer de se détériorer avec une augmentation du nombre de chômeurs et un ralentissement dans la création d’opportunités professionnelles.
Le dernier rapport « Hiver 2025 » de la Banque mondiale, bien que soulignant une baisse du PIB à 3,2 % en 2024 en raison de la sécheresse, met en avant une croissance hors secteur agricole estimée à 3,8 %, portée par la relance du secteur industriel et l’augmentation des investissements. Il salue également la baisse de l’inflation sous la barre des 1 %, ce qui a permis à Bank Al-Maghrib d’entamer un assouplissement de sa politique monétaire. Le Maroc figure d’ailleurs parmi les premiers pays de la région MENA à avoir amorcé ce processus. Cependant, tous ces facteurs ne suffisent pas à enrayer la crise du marché de l’emploi sous le gouvernement Akhannouch, qui mise sur des projets royaux d’envergure ayant attiré d’importants investissements grâce aux relations personnelles du roi Mohammed VI avec les dirigeants des grandes puissances partenaires du Maroc, notamment la Coupe du Monde 2030 et la Coupe d’Afrique des Nations 2025.
Le chômage élevé sous le gouvernement Akhannouch demeure l’un des défis sociaux et économiques majeurs qu’il n’a pas su relever, malgré sa prétention à être un gouvernement « social » engagé pour le bien-être des Marocains. Cet échec a contribué au choc inflationniste qui a érodé le pouvoir d’achat des ménages et, par conséquent, à la baisse de la confiance des citoyens envers l’exécutif. Il devient donc impératif pour ce gouvernement d’accélérer les réformes structurelles et d’adopter des mesures urgentes pour renforcer et moderniser la législation du travail.