Tout comme le « trou dans la couche d’ozone », il existe des « trous » dans les autoroutes marocaines, un constat confirmé par la réalité et le dernier rapport d’une mission exploratoire parlementaire.
Il ne s’agit pas ici de surenchérir ou de critiquer de manière excessive la « société gestionnaire ». Toutefois, il est indéniable que les Marocains, sans exception, associent souvent les autoroutes nationales à une source de frustration. La première cause de leur mécontentement – et j’en fais partie – réside dans le coût élevé de ces infrastructures, même pour les trajets les plus courts. Ce coût, disproportionné par rapport à la qualité des services fournis, ne cesse d’augmenter tous les trois ou quatre ans, sans préavis, ni amélioration visible. Pourtant, les revenus générés par cette société atteignent des sommets impressionnants. En 2023, ces recettes ont grimpé à 3,7 milliards de dirhams, soit 370 millions de dirhams.
Un exemple vécu
Personnellement, au fil des années, j’ai été témoin de nombreux dysfonctionnements sur ces autoroutes, et cela depuis leur mise en service en 1979. L’expérience la plus marquante remonte à l’été d’il y a deux ans, lors d’un voyage avec des amis – artistes et anciens boxeurs – en direction d’Ifrane pour assister à un festival de cinéma. Malheureusement, l’un des véhicules de notre convoi, un 4×4, est tombé en panne près de Meknès en raison d’un problème mécanique lié à la boîte de vitesses automatique.
Pendant trois heures, nous avons multiplié les appels aux numéros d’urgence de la société gestionnaire des autoroutes, espérant une assistance mécanique ou un service de remorquage. En vain. Ce n’est qu’avec l’intervention d’un dépanneur privé que nous avons pu acheminer le véhicule jusqu’à un garage à Meknès. Ces longues heures sous la chaleur accablante illustrent bien l’inadéquation des services, et ce, malgré les frais élevés que nous payons aux péages.
Un constat accablant
Si chaque usager des autoroutes marocaines – qu’il s’agisse de conducteurs de voitures légères, de bus ou de camions – pouvait partager son expérience, on entendrait des récits troublants. Le récent rapport parlementaire, qui brosse un tableau sombre de la situation, corrobore cette réalité. Selon ce rapport, les véhicules de dépannage manquent de moyens logistiques et ne respectent pas les normes de sécurité nécessaires pour assister les usagers.
Au-delà du rapport, il est évident que la qualité des services et de l’entretien des autoroutes laisse à désirer. De nombreux tronçons sont dans un état dégradé, menaçant la sécurité et la vie des usagers. L’absence d’un diagnostic régulier de l’état des chaussées et la mauvaise programmation des travaux d’entretien aggravent la situation.
Des « trous » multiples
En plus des lacunes liées au dépannage, d’autres problèmes persistent. Parmi eux :
- L’absence de propreté dans les aires de repos et les stations de péage.
- La prolifération des vendeurs ambulants dans les aires de repos.
- L’insécurité et les odeurs nauséabondes causées par les décharges des camions transportant du poisson.
- Le danger des camions transportant du foin, qui circulent la nuit.
- La présence d’animaux errants sur les autoroutes.
- Le manque de guichets ouverts aux péages, notamment lors des périodes de pointe, causant des embouteillages et des retards.
Ces lacunes, bien visibles pour les citoyens, sont aussi dénoncées par le rapport parlementaire. Le constat est clair : les autoroutes marocaines, censées être des infrastructures modernes et sûres, souffrent de nombreuses « brèches » qui nécessitent des réformes urgentes et profondes.