Nous approchons de la fin du mois sacré, mois du pardon et de la pureté spirituelle. Il est essentiel, à la fin de chaque occasion, de prendre un moment pour évaluer la situation sociale et peut-être même psychologique des citoyens.
Ce mois ne devrait se terminer qu’après nous avoir permis d’atteindre une élévation spirituelle grâce aux pratiques religieuses prescrites, qu’elles soient obligatoires ou recommandées, ainsi qu’à la culture qui l’entoure et aux traditions qui instaurent un mode de vie différent entre les citoyens, en particulier entre les proches. C’est aussi un mois où les actes de bienfaisance et de solidarité sont largement visibles à travers de nombreuses initiatives caritatives.
Mais le Ramadan n’est plus ce qu’il était. Son coût est devenu exorbitant en raison de la flambée des prix. Il est connu que les Marocains adoptent, durant ce mois, un mode de consommation qui passe d’une alimentation basée sur la sobriété et l’autosuffisance à des repas de rupture du jeûne variés et riches, dignes du mois sacré et des familles jeûneuses. Cela entraîne une hausse des dépenses liées au Ramadan. Autrefois, les familles économisaient de l’argent pour ces frais supplémentaires, ainsi que pour l’achat du mouton de l’Aïd et les dépenses de la rentrée scolaire.
Aujourd’hui, plus personne ne parle d’épargne, un concept qui appartient désormais au passé, sauf pour une minorité de familles aisées. Avec la flambée des prix que connaît le Maroc depuis l’ère du gouvernement d’Aziz Akhannouch, le coût du jeûne est devenu extrêmement pesant. L’argent ne suffit plus, et le citoyen ne peut pas non plus revenir à une époque d’austérité.
La hausse des prix a doublé la souffrance des familles, qui se retrouvent face à un réseau d’intermédiaires spéculateurs, eux-mêmes soumis à la domination de grands monopoleurs. Le ministre Ryad Mezzour a révélé l’existence de 18 personnes appartenant à une mafia de la viande qui contrôle ce secteur et fixe les prix à sa guise.
Malgré les nombreux appels à l’aide, les protestations et les interpellations parlementaires, le gouvernement n’a pris aucune mesure adéquate face à ce phénomène d’inflation, largement dû à l’accaparement du marché national par ces mafias qui manipulent les prix comme bon leur semble, sous les yeux de tous. Le ministre du Commerce et de l’Industrie s’est contenté de déclarer que la lutte contre la vie chère se fait « par la politique », sans que l’on sache s’il faisait référence aux querelles entre le Parti de l’Istiqlal, auquel il appartient, et le Rassemblement National des Indépendants, ou s’il utilisait le mot « politique » dans son sens courant, signifiant que les choses prennent du temps.
Le citoyen a été abandonné à son sort. Avant même la fin du Ramadan, il est déjà épuisé financièrement. En plus des dépenses alimentaires supplémentaires, il doit également faire face aux coûts des vêtements de l’Aïd, soumis eux aussi aux spéculations des intermédiaires, qui contrôlent ce secteur comme s’il n’existait aucune institution capable de surveiller le marché marocain. Pourtant, le pays se veut un modèle de concentration sociale. Nous ne sommes ni une grande économie capitaliste ni une puissance économique majeure, mais un État qui construit son propre modèle. Celui-ci devrait être accompagné d’un modèle social conçu par le gouvernement, qui, jusqu’à présent, n’a proposé aucune solution concrète pour alléger la crise des citoyens.