L’une des principales qualités d’un ministre est sa capacité à communiquer. Il n’est pas exigé des ministres du gouvernement Akhannouch de s’exprimer en arabe classique, puisque la plupart d’entre eux ont une formation francophone. Cependant, tous maîtrisent l’arabe marocain, connu sous le nom de « darija ». Il n’est pas non plus nécessaire de produire des réponses sophistiquées à la manière des sophistes pour convaincre. Rien n’est plus efficace et convaincant que des réponses simples et des informations précises.
Interrogé par une parlementaire sur les raisons de la flambée des prix des poissons, alors que le Maroc dispose de côtes maritimes enviables, le ministre de l’Agriculture et de la Pêche n’a trouvé d’autre réponse que d’affirmer que « le poisson est affecté par la sécheresse et fuit lorsqu’il ne pleut pas ». Une théorie nouvelle, inconnue des scientifiques marins, sortie tout droit de l’imagination du ministre, sans pour autant préciser où le poisson marocain aurait bien pu se réfugier.
Face à cette déclaration, une question se pose : le poisson a-t-il migré vers d’autres mers ou bien s’est-il retrouvé stocké dans les entrepôts de certaines entreprises monopolistiques ? A-t-il fui vers des côtes sans sécheresse ou a-t-il été dirigé vers des conserveries contrôlées par le « cartel des grands intérêts » ?
Le gouvernement a attribué tous ses échecs à la sécheresse. Or, si celle-ci contribue en partie à l’augmentation des prix de certains produits de consommation, elle n’est pas la principale cause. La véritable raison reste les pratiques monopolistiques, dominées par un groupe ayant une emprise sur le gouvernement et dont le seul objectif est le profit.
La réponse du ministre, adressée à une institution législative censée superviser l’action du gouvernement, a été perçue comme un profond mépris envers les citoyens. Cette réponse reflète une attitude récurrente chez les ministres du gouvernement Akhannouch, où le mépris du Parlement et du peuple est devenu une norme.
Lorsque le Premier ministre lui-même affiche un tel mépris envers les citoyens, les élus et les parlementaires, que peut-on attendre de ses ministres ? À titre d’exemple, lorsqu’une élue locale l’a interpellé sur un ton inhabituel, il lui a répondu qu’il jouait avec les « seniors » et non avec les « juniors ».
Quant à la question sur un contrat de dessalement de l’eau de mer, évalué à des milliards avec un accord de vente sur 30 ans, sa réponse fut qu’il avait simplement pris des risques financiers pour cette entreprise, tout en affirmant que tout était conforme aux normes légales, malgré un évident conflit d’intérêts.
Le mépris s’est également manifesté lorsqu’un ministre de l’Éducation, incapable de répondre à des questions orales au Parlement, a déclaré qu’il enverrait ses réponses par écrit, ignorant la différence entre une question écrite et une question orale.
Ces exemples ne sont qu’un aperçu des nombreuses manifestations de mépris au sein de ce gouvernement. Parmi elles, on trouve également des déclarations affirmant que les réalisations du gouvernement en trois ans surpassent les miracles, alors que, durant cette période, les prix des produits de consommation ont doublé, le coût de la vie a augmenté, les citoyens ont perdu leurs économies, et 82 % d’entre eux s’inquiètent pour leur avenir, selon le Haut-Commissariat au Plan.
Il convient également de rappeler que le Premier ministre méprise non seulement les citoyens, mais également les rapports des institutions constitutionnelles, confirmant ainsi un mépris généralisé envers l’ensemble du système institutionnel.