Par Dr Yassine Zegzoul, Président de l’Université Mohammed Premier – Oujda
Au cœur du débat suscité par l’affaire dite de la « vente de diplômes universitaires », je me trouve, en tant que président d’une université marocaine, dans l’obligation morale et intellectuelle d’aborder cette question avec lucidité et sens des responsabilités.
L’université marocaine, en tant qu’institution historique ayant vu passer des générations de chercheurs et de décideurs publics, a toujours été – et reste encore aujourd’hui – un phare du savoir et de la connaissance. Elle fait certes face à des défis indéniables, mais elle demeure résolument solide face aux tentatives de stigmatisation ou de discrédit.
À travers cette tribune, mon objectif n’est pas uniquement de défendre l’université marocaine, mais aussi d’affirmer que de telles affaires, si elles sont avérées par la justice — seul arbitre légitime —, restent des cas isolés qui ne sauraient en aucun cas refléter l’essence ou la vocation de cette institution.
Il convient d’abord de rappeler un principe fondamental : « Toute personne est présumée innocente jusqu’à preuve du contraire. » Ce principe n’est pas un simple slogan, mais un pilier de la justice et une garantie de la dignité des individus. L’affaire récemment soulevée est encore sous enquête, et il est de notre devoir collectif de laisser la justice marocaine suivre son cours, sans empressement ni procès d’intention.
La justice marocaine a démontré à maintes reprises son intégrité dans des affaires similaires, acquittant de nombreux enseignants dans différentes universités des accusations portées à leur encontre, allant même jusqu’à leur accorder des indemnisations et à rétablir leur honneur. Cela devrait nous inciter à garder confiance en nos institutions.
Les tentatives de ternir l’image de l’université marocaine, à travers cette affaire ou d’autres comme celle dite du « sexe contre les notes », interviennent souvent dans des contextes susceptibles de servir des agendas particuliers. L’université, en tant qu’institution nationale, se retrouve parfois au cœur de conflits ou de manipulations politiques sans lien avec sa mission académique. Il est important de comprendre que la corruption, si elle existe, est toujours le fait de comportements individuels, et ne saurait être généralisée à l’ensemble de l’institution.
Malgré les défis, notamment la faiblesse des moyens disponibles, l’université marocaine demeure un symbole d’excellence et de créativité. Les chiffres en témoignent : rien que l’année universitaire passée, 4334 doctorants ont été diplômés, 45 214 doctorants étaient inscrits, et 18 447 publications scientifiques évaluées par des pairs ont été référencées dans la base Scopus.
Durant la même période, 171 brevets ont été enregistrés dans divers domaines du savoir, et les chercheurs marocains ont participé à plus de 200 projets de recherche internationaux pour l’année universitaire 2024-2025, y compris des projets d’envergure dans le domaine de l’intelligence artificielle. Ces données ne sont pas de simples statistiques, elles constituent la preuve vivante de l’engagement de l’université marocaine en faveur de la connaissance et de l’innovation.
Sur le plan des classements internationaux, l’université marocaine a également brillé : l’Université Hassan II de Casablanca a intégré le classement de Shanghai des 1000 meilleures universités mondiales en 2024, et le Maroc s’est hissé à la 66ᵉ place dans l’indice mondial de l’innovation pour la même année.
De son côté, l’Université Mohammed Premier d’Oujda a réalisé une performance remarquable en se plaçant au premier rang national et au 21ᵉ rang continental dans le dernier classement de l’indice Nature, relatif à la production de recherches de haute qualité. À l’échelle mondiale, elle a été classée 2117ᵉ sur près de 8400 établissements d’enseignement supérieur inclus dans ce classement.
Je tiens à souligner que ces réalisations ont été accomplies malgré les moyens limités dont disposent nos universités comparées aux institutions des pays avancés, ce qui illustre leur capacité à rivaliser sur le plan international. Il ne faut pas oublier que plus d’un million quarante et un mille étudiants sont inscrits dans nos universités, dont 27 100 étudiants internationaux. Les diplômés des universités marocaines occupent aujourd’hui des postes de responsabilité dans plusieurs pays européens, américains et ailleurs, et nombre d’entre eux ont honoré leur alma mater en remportant des prix prestigieux dans des compétitions internationales et continentales.
En conclusion, j’adresse un appel sincère aux blogueurs, aux médias, aux acteurs de la société civile et aux citoyens en général pour qu’ils soutiennent l’université marocaine et mettent en valeur ses réalisations, plutôt que de se focaliser sur des cas individuels pouvant être marginaux. Œuvrons collectivement à la protection de cette institution et à la consolidation de son rôle moteur dans le développement et le progrès. L’université marocaine mérite notre confiance et notre appui, car elle est la voix de la raison, le berceau du savoir et la locomotive de l’avenir de notre société.