La montée de l’extrême droite dans les pays d’Europe de l’Est, en particulier ceux qui faisaient autrefois partie du bloc communiste, connaît une évolution notable et controversée. Cette ascension reflète les transformations sociales, politiques et économiques profondes qu’ont traversées ces pays après l’effondrement de l’Union soviétique et leur transition vers le capitalisme. L’un des exemples les plus marquants est la victoire du parti d’extrême droite en Allemagne, qui a obtenu 162 sièges lors des dernières élections, se plaçant ainsi en deuxième position après le parti chrétien-démocrate.
Dans cet article, nous tenterons d’examiner les causes de ce phénomène et d’analyser sa relation avec les récits, en particulier le lien « sacré » entre les récits religieux et sécuritaires. La montée de l’extrême droite en Europe de l’Est est le résultat d’une interaction entre des facteurs économiques, sociaux et culturels, soutenus par des discours sécuritaires, religieux et historiques.
1. Facteurs économiques et sociaux
Le passage d’une économie planifiée à une économie de marché a creusé les inégalités sociales et économiques dans les pays d’Europe de l’Est. De larges couches de la population ont été confrontées au chômage et à la pauvreté, tandis que les élites ont profité de ces transformations. Par ailleurs, les politiques de mondialisation et de néolibéralisme ont renforcé le sentiment d’insécurité économique, créant ainsi un terreau fertile pour les discours populistes promettant de protéger l’emploi et l’identité nationale.
2. Facteurs politiques et échec des partis traditionnels
Les partis traditionnels, qu’ils soient de gauche ou de droite modérée, ont été sévèrement critiqués pour leur incapacité à répondre aux défis économiques et sociaux. Cet échec a entraîné une érosion de la confiance dans ces partis, ouvrant ainsi la voie à l’ascension des partis extrémistes qui ont exploité ce vide politique. Ces partis ont adopté un discours populiste qui désigne les migrants, les minorités et l’Union européenne comme responsables des crises.
3. Facteurs culturels et identité
De nombreux citoyens d’Europe de l’Est ressentent une menace pesant sur leur identité culturelle et nationale en raison de la mondialisation et de l’immigration. Ce sentiment renforce la popularité des partis d’extrême droite qui prônent la protection de l’identité nationale contre les influences culturelles occidentales. Ces positions s’appuient sur une « mémoire historique » évoquant la crainte de perdre l’indépendance culturelle.
4. Influences géopolitiques
La Russie joue un rôle clé dans la montée de l’extrême droite en Europe de l’Est. Sous la direction du président Poutine, Moscou cherche à renforcer son influence en soutenant les partis opposés au libéralisme occidental. Par ailleurs, la guerre en Ukraine a accentué le sentiment d’insécurité, poussant certains électeurs à soutenir des partis qui promeuvent des politiques de sécurité nationale et d’indépendance vis-à-vis de l’influence occidentale.
5. Mémoire collective et divisions historiques
Le « mur de Berlin psychologique » est encore présent dans la mémoire collective des pays d’Europe de l’Est. De nombreux citoyens se sentent éloignés de l’Occident, ce qui renforce la popularité de l’extrême droite en tant que force protégeant l’identité nationale contre « l’invasion culturelle » occidentale.
6. Interaction des récits dans la montée de l’extrême droite
- Le récit sécuritaire : Il promeut l’idée que l’immigration clandestine et l’extrémisme islamique menacent l’identité nationale.
- Le récit religieux : Il renforce l’identité confessionnelle comme rempart contre ce qui est perçu comme une décadence occidentale.
- Le récit historique : Il évoque la division entre l’Est et l’Ouest pour solidifier l’identité nationale.
- Le récit économique : Il attribue les crises économiques aux migrants et aux élites politiques.
7. Critique de la relation entre récits religieux et extrémisme
Certains partis d’extrême droite exploitent la religion comme un outil de mobilisation des masses et de renforcement de l’identité nationale. La religion est alors présentée comme un rempart contre les menaces extérieures, ce qui alimente l’intolérance envers les minorités, notamment musulmanes.
Pour combattre ce phénomène, il est nécessaire de promouvoir les valeurs de coexistence et de tolérance, et de contrer les discours extrémistes qui menacent la paix sociale. Cela implique d’encourager le dialogue et l’échange sur cette problématique en adoptant une approche scientifique et basée sur les droits humains.
Mustapha El Manouzi
Coordinateur de la Dynamique Conscience de la Mémoire et Gouvernance des Récits Sécuritaires