Par Fouad Boujbir, chercheur en sciences du management (Management public)
Le devoir de mémoire est un impératif moral et politique, car il permet de comprendre les racines des problèmes actuels, de prévenir les erreurs du passé et de construire un avenir plus juste.
Il contribue au renforcement de la démocratie et à l’édification d’une société plus inclusive, en mettant en avant la transparence et la responsabilité, mais aussi en commentant et explicitant les précédentes défaillances à tous les niveaux de vie qui concernent le pays. Cela permettra aux gouvernements successifs de restaurer la confiance du public et de favoriser une meilleure participation citoyenne.
Le devoir de mémoire est un outil puissant, par excellence, pour engager des réflexions en vue d’élaborer et de mettre en œuvre les politiques publiques nécessaires à un véritable changement de la réalité sociale.
En effet, le « devoir de mémoire » et le « vrai changement » sont deux éléments essentiels et étroitement liés dans la formulation des politiques publiques. Le premier permet évidemment de mieux saisir le sens des événements et des idées, d’éviter les anachronismes et les interprétations erronées, et surtout de comprendre l’impact de l’histoire sur notre présent. Le second, quant à lui, implique une transformation profonde des mentalités et des comportements, et permet aussi de modifier les mauvaises pratiques pour bâtir un avenir meilleur.
D’ailleurs, les experts et les spécialistes le confirment : en comprenant le contexte historique, les décideurs peuvent mieux identifier les enjeux et les causes profondes des problèmes de société, des difficultés sociales et aussi des fléaux sociaux de manière globale.
Il en résulte que cela implique que les leçons du passé soient bien apprises et intégrées dans les processus de réformes. Ces réformes peuvent aussi encourager une culture de respect de l’autre, de dialogue et d’échange de points de vue, de performance dans la mise en œuvre de l’action publique, et particulièrement, une prise en charge totale du principe de la reddition des comptes.
1/ Le devoir de mémoire et les politiques publiques :
Il est donc fondamental de souligner que le devoir de mémoire et les politiques publiques partagent un fil conducteur, visible notamment dans les stratégies mémorielles historiques, politiques, économiques, éducatives et socioculturelles du pays, afin de promouvoir une conscience citoyenne éclairée.
C’est d’ailleurs dans ce sens que Sa Majesté le Roi, queDieu l’assiste, n’a cessé de mettre en avant l’importance du devoir de mémoire dans l’élaboration et la mise en œuvre du grand chantier relatif à la réforme de l’État, sur la base d’une approche participative et inclusive. Ceci vise à garantir l’amélioration de l’efficacité et la qualité des services publics rendus et une meilleure prise en compte des intérêts globaux des citoyens et du pays.
Sa Majesté le Roi, que Dieu l’assiste, a toujours appelé tous les acteurs, notamment le gouvernement, le parlement, les partis politiques, le tissu associatif et toutes les forces vives du pays, à s’engager sérieusement dans le chantier de réforme de l’État avec abnégation et dévouement, dans le but de construire un avenir meilleur pour notre pays.
Cette réforme n’est pas seulement une question de modernisation de notre administration publique, c’est également une question du bien-être des citoyens. Une administration performante, transparente et proche du citoyen est essentielle pour garantir une meilleure qualité de vie, un sentiment d’appartenance et une participation active à la construction d’une société plus juste et plus prospère.
Au cours des deux dernières décennies, et grâce à la vision éclairée du Souverain, à ses orientations et hautes directives stratégiques, guidées par une philosophie et une compréhension profondes des défis et des perspectives qui se présentent, tant au niveau national qu’international, le Royaume a progressé en matière de réconciliation nationale et a pu reconstruire le tissu social en favorisant sa forte cohésion.
Aussi, en termes de développement humain, le Maroc, sous l’impulsion royale, a pu renforcer un aspect essentiel de son changement authentique, en s’inscrivant dans une dynamique de développement durable et inclusif.
Cependant, la problématique du devoir de mémoire, associée à un devoir moral de se souvenir pour rectifier, soulève des questions complexes sur l’utilité de son rôle dans la construction de l’identité et les dangers de son instrumentalisation. D’ailleurs, à ce niveau, l’histoire montre comment la mémoire peut être déformée ou utilisée à des fins politiques immorales qui compromettent l’intérêt général.
2/ Le devoir de mémoire et la quête de vérité : un équilibre délicat :
Ce devoir n’est pas figé dans une posture qui imposerait une histoire officielle ; il est vivant et fédérateur autour du principe que comprendre hier permet de préparer demain.
L’héritage de l’histoire du Maroc qu’il nous appartient de commémorer, certes, mais aussi de transmettre aux générations de demain, est une exigence. Car il est la résultante des combats de tous les Marocains, hommes et femmes, chacun dans son domaine, quelle que soit leur idéologie et leur conviction, et quel que soit leur destin, derrière leur Roi, symbole de l’unité de la nation.
Ainsi s’est construite l’histoire de notre Maroc, riche et s’étendant sur plus de douze siècles. Cette longue histoire témoigne de la continuité dynastique et territoriale du Royaume, ainsi que de son influence au-delà de ses frontières.
D’ailleurs, il est capital de confirmer que le devoir de mémoire des Marocains est fortement présent dans les discours royaux, notamment lors des commémorations nationales ou d’événements importants.
Ces discours honorent les sacrifices de la nation, tant royaux que populaires, mais servent aussi d’évaluations, de bilans et d’orientations royales en matière de choix nationaux. Ces orientations royales, dont la teneur est fortement liée au bien-être des citoyens, mettent l’accent sur le développement humain, la démocratie citoyenne et la bonne gouvernance, et inspirent les politiques gouvernementales. Elles constituent un point de référence pour les stratégies sectorielles du pays.
À vrai dire, cette quête de la vérité est au cœur de la philosophie qui se distingue par son questionnement fondamental sur l’importance des orientations royales, éclairées et réfléchies, avec sagesse et perspicacité, dans le but de moderniser son Royaume et d’en faire une puissance régionale. Et la réponse à ce questionnement, on la trouve, bel et bien, dans notre forte croyance que notre Auguste Roi, que Dieu l’assiste, ne cesse d’appeler les politiciens et les hauts responsables à adapter leurs comportements et leurs politiques, en se souvenant des erreurs du passé, tout en s’efforçant de les éviter à l’avenir.
C’est un devoir qui contribue à renforcer le sentiment d’appartenance à une grande nation, qu’est le Maroc. En stimulant notre réflexion continue sur notre histoire, on peut confirmer que le Maroc est un des rares pays musulmans à avoir conservé son indépendance pendant plus d’un millénaire.
3/ Les partis politiques au Maroc, le pouvoir et l’administration publique
Les partis politiques, le pouvoir et l’administration publique sont des acteurs clés dans toutes les démocraties. Leurs interactions complexes sont déterminantes pour la qualité et l’efficacité des politiques publiques. Ils s’influencent mutuellement.
Par ailleurs, force est de constater que les partis politiques sont des acteurs qui cherchent à exercer le pouvoir en représentant les intérêts de certains groupes. L’administration, quant à elle, est chargée d’exécuter les choix politiques décidés par le pouvoir politique, en mettant en œuvre les lois et les décisions prises.
Le pouvoir est l’autorité légitime, en général détenue par le gouvernement et le parlement ; c’est à lui que revient la prise de décisions et de les faire appliquer, sur la base d’un consensus au sein d’une majorité gouvernementale.
Cependant, le pouvoir sous ses multiples facettes (politique, économique, socioculturel, etc.), peut être utilisé pour promouvoir ou entraver le devoir de mémoire, en manipulant la mémoire collective ou en refusant, parfois, d’admettre les erreurs du passé. D’ailleurs, c’est ce qui a caractérisé l’action de certains politiciens au Maroc ces dernières années.
Or, le devoir de mémoire symbolise l’obligation morale de se souvenir des événements historiques, de transmettre les leçons du passé aux générations futures et, surtout, de comprendre les motivations et les enjeux politiques du présent et du futur.
En plus, le problème n’est pas seulement de tâcher de conserver des vestiges ou de classer les nécessaires archives de nos existences sociales, ou de garder en mémoire des événements bien vivants, mais il est surtout de pouvoir tout mettre sur le même plan.
D’ailleurs, il y a des gouvernements qui arrivent à investir dans les commémorations et le patrimoine au moment même où des politiques publiques font faillite à cause de la non-application sincère des orientations royales.
Conclusion :
La mémoire collective est un facteur essentiel dans la construction de l’identité nationale, dans la légitimation du pouvoir, et dans la conception des politiques publiques.
Ces politiques doivent donc être adaptées aux besoins et aux attentes des populations, en tenant compte et en se basant sur les orientations et hautes directives qui composent les discours royaux. Elles servent de guide et d’orientation pour la nation.
Les discours du Roi sont perçus comme une source de direction politique, d’orientation stratégique et de principes moraux, guidant la population et les institutions dans la prise de décision et l’action dans le bon sens.