Il y a quelques jours, une clinique privée à Marrakech a retenu une touriste britannique pendant une semaine. Pourquoi ?
Cette dernière était incapable de payer une facture médicale que la clinique avait estimée à 280 000 dirhams. Pour quoi exactement ?
Il s’agissait du coût d’une intervention chirurgicale après la pose d’un stent cardiaque, suite à une crise cardiaque soudaine.
Après son traitement, incapable de payer, elle a été retenue jusqu’à ce que son fils lance une collecte de fonds pour régler la facture et permettre son retour au Royaume-Uni.
La touriste était venue au Maroc pour le tourisme, mais s’est retrouvée à vivre « une semaine en enfer », une situation que les Marocains subissent quotidiennement :
« Si tu as de l’argent, tu te soignes. Sinon, tu meurs. »
Certains démunis sont même obligés de mendier des dons auprès de bienfaiteurs pour payer les factures des cliniques, comme l’a fait le fils de la touriste.
Revenons à la facture : elle est souvent remise au patient sans explication détaillée des services médicaux reçus. Et même si un patient demande un détail, il ne comprendra rien.
Certains diront que la clinique a des obligations financières et que toute personne bénéficiant de soins doit payer. C’est vrai.
Mais le patient ou sa famille doivent aussi être informés des coûts estimés avant toute intervention.
Or, cela n’est possible que si les cliniques publient leurs tarifs de manière transparente, ce qui n’existe presque jamais.
Les familles laissent donc leur malade sans avoir aucune idée du coût approximatif des soins, ce qui les rend vulnérables à des pressions financières comme ce fut le cas pour cette touriste.
Cela nous rappelle les abus révélés par le Conseil de la Concurrence, qui a dénoncé des pratiques douteuses dans certaines cliniques privées :
🔹 70 % ne respectent pas les normes techniques en vigueur.
🔹 80 % ne publient pas les conventions avec les assurances.
🔹 90 % ne respectent pas l’affichage des tarifs appliqués.
Et ce n’est pas tout. L’ancien ministre de la Santé lui-même a reconnu ces dérives, notamment l’obligation faite aux patients de payer des dessous-de-table et de signer un chèque de garantie.
La question est : comment les cliniques privées ont-elles atteint ce niveau d’abus, traitant les patients comme de simples clients ?
Peut-être exploitent-elles l’incapacité des hôpitaux publics à répondre à la demande croissante de soins.
Au Maroc, on compte seulement 7,3 médecins pour 10 000 habitants, bien en dessous de la moyenne mondiale de 13 médecins.
Sans parler du manque de personnel médical et de la fuite des médecins vers le secteur privé ou l’étranger.
Et qui paie le prix fort de tout cela ?
Toujours les plus démunis, sans protection contre ces courtiers de la santé, dont les abus commencent même à faire scandale à l’étranger.