Il semble que la notion de stock stratégique soit totalement absente de la vision gouvernementale, un gouvernement qui agit comme une entreprise de gestion au jour le jour des affaires publiques.
Or, c’est précisément ce stock stratégique, dans tous les secteurs, qui garantit la sécurité et la souveraineté du pays. Aujourd’hui, après plusieurs secteurs, c’est au tour de l’énergie d’être concernée.
L’opposition parlementaire a tiré la sonnette d’alarme : dans un contexte de mutations géopolitiques accélérées et face aux défis croissants liés à la sécurité énergétique mondiale, elle a demandé au gouvernement de clarifier sa politique énergétique générale, de souligner les dangers de la dépendance continue vis-à-vis de l’étranger et d’insister sur l’urgence de mettre en place un système national intégré de stockage stratégique de l’énergie.
Sa Majesté le Roi Mohammed VI avait pourtant appelé, à l’occasion de l’ouverture de la première session de la onzième législature, à la mise en place d’un dispositif national intégré de stock stratégique des produits de base, notamment alimentaires, sanitaires et énergétiques, et à l’actualisation constante des besoins nationaux, dans le but de renforcer la sécurité stratégique du pays.
Quatre années se sont écoulées depuis ce discours royal, et il ne reste qu’une seule année avant la fin de l’actuelle législature. Pourtant, les interrogations demeurent entières quant à l’efficacité de la politique gouvernementale dans ce domaine crucial. La sécurité énergétique nationale ne peut être assurée sans un stock stratégique énergétique permettant de protéger l’économie des chocs et fluctuations mondiaux.
Malgré les nombreux projets lancés par le gouvernement, la stratégie nationale d’efficacité énergétique à l’horizon 2030, initiée par le Maroc il y a plusieurs années, souffre encore de grands obstacles entravant sa mise en œuvre réelle. En premier lieu : la faiblesse des ressources énergétiques nationales. Le Maroc ne dispose ni de réserves significatives de pétrole, ni de gaz, ni de charbon, ce qui le rend quasi totalement dépendant des importations pour couvrir ses besoins énergétiques.
Le gouvernement semble ainsi aller à l’encontre des grandes orientations de l’État marocain, portées avec sagesse et clairvoyance par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, qui visent à garantir la sécurité stratégique dans tous les domaines. Mais l’exécutif adopte une approche rétrograde, incompatible avec les objectifs supérieurs du pays, au point que l’on pourrait parfois croire qu’il agit contre l’intérêt de la nation et des citoyens, en contradiction avec les principes constitutionnels et les hautes directives qui encadrent l’action publique au Maroc.
Le gouvernement se comporte comme si le Maroc était une île autosuffisante, vivant exclusivement de ce qu’il produit, comme si nous n’étions pas exposés aux aléas géopolitiques ni à l’explosion des prix provoquée par les conflits internationaux. Or, cette posture déconnectée de la réalité mondiale pourrait s’avérer extrêmement dangereuse.
Le Maroc souffre d’une faiblesse structurelle dans ses capacités de stockage des produits énergétiques. Les données du ministère de la Transition énergétique et du Développement durable indiquent que les capacités actuelles de stockage ne couvrent que 30 à 45 jours de consommation nationale, alors que les standards internationaux recommandent un minimum de 90 jours.
Où en est le projet de création d’une Agence nationale de gestion du stock stratégique des produits de base ? Pourquoi n’a-t-il toujours pas vu le jour ?