Un ministre du gouvernement d’Aziz Akhannouch a reconnu que 18 spéculateurs contrôlent les prix de la viande rouge au Maroc. Lors d’une émission télévisée, le ministre Mazour a promis que le gouvernement prendrait les mesures nécessaires pour traiter ce problème. À cela s’ajoute le phénomène révélé par un poissonnier et TikToker, qui a dévoilé le véritable prix du poisson sur les marchés de gros. Des responsables du secteur ont confirmé que son prix ne dépasse pas trois dirhams, à quelques centimes près. De leur côté, les vendeurs de légumes dénoncent également un monopole, expliquant que la plupart des légumes sont achetés à moins de trois dirhams, mais revendus à plus de dix dirhams sur le marché.
Il est désormais clair que la hausse des prix n’est pas due à un manque d’offre, qui normalement détermine les prix en fonction de la demande. Elle n’a aucun lien avec la sécheresse, comme certains responsables gouvernementaux le prétendent, ni avec l’augmentation des prix du carburant à l’échelle internationale. Ce chaos des prix est une création purement gouvernementale, étant donné que l’exécutif est chargé de gérer les affaires publiques et de contrôler les prix à travers plusieurs mécanismes à sa disposition. De plus, la Constitution lui confère tous les moyens et institutions nécessaires pour atteindre ces objectifs.
Pourquoi le ministre révèle-t-il maintenant l’existence de quelques individus qui monopolisent le marché de la viande rouge ? Pourquoi le gouvernement ne les sanctionne-t-il pas ? N’est-ce pas son rôle d’empêcher ces pratiques ? La flambée des prix est aujourd’hui le résultat de nouvelles formes de monopole. Et si le gouvernement est incapable d’affronter ces spéculateurs, est-ce une manière pour le ministre d’inciter le peuple à agir contre ce phénomène ? Si c’est le cas, qu’il en soit conscient ou non, n’est-ce pas un appel au chaos ? Que peut-on attendre d’un citoyen écrasé par la flambée des prix lorsqu’un ministre s’adresse à lui comme s’il était impuissant ?
Le gouvernement dispose pourtant de l’autorité légale pour activer des mécanismes de contrôle et sanctionner sévèrement les spéculateurs. Au lieu d’annoncer qu’il a pris des mesures juridiques contre ces 18 individus qui contrôlent le marché de la viande rouge dans un pays de 37 millions d’habitants, le ministre se contente de révéler un chiffre inquiétant. Pendant ce temps, le gouvernement prétend favoriser une concurrence loyale, tout en injectant des milliards de dirhams pour soutenir ces mêmes monopoles à travers les importations.
En n’assumant pas sa responsabilité dans la lutte contre la hausse des prix, dont les justifications avancées ne tiennent pas la route, le gouvernement devient un acteur principal de cette flambée qui pèse lourdement sur la société. Cette situation pourrait engendrer des tensions sociales que le Maroc ne peut se permettre. Les Marocains ont déjà fait de nombreux sacrifices pour préserver la paix sociale, un équilibre que le gouvernement semble aujourd’hui vouloir ébranler.