Le Conseil scientifique incarne l’institution à laquelle le législateur a confié la mission de protéger et de défendre les valeurs religieuses, non pas dans le sens d’une domination sur les affaires religieuses, mais dans celui de la lutte contre l’anarchie dans les fatwas et la communication religieuse. L’objectif n’est pas de contraindre les gens, mais de les orienter vers les nobles valeurs morales et religieuses. C’est ce sur quoi se sont accordés les participants au colloque de communication organisé par le Conseil supérieur des oulémas, avant-hier dimanche, malgré la diversité de leurs positions et responsabilités.
Le Conseil supérieur des oulémas, en tant qu’instance garantissant l’émission des fatwas, a réuni des institutions gouvernementales, des organes de gouvernance, le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire et la Direction générale de la sûreté nationale. Un consensus s’est dégagé sur le rôle des érudits religieux dans la réalisation d’un équilibre éthique, en complément des autres rôles joués par les différentes institutions.
Le plan d’orientation et de transmission des valeurs religieuses demeure un levier essentiel pour encadrer le comportement des Marocains et protéger ces valeurs de toute exploitation politique par diverses entités. Toutefois, ce plan exige une complémentarité entre toutes les institutions, tout en veillant à ce que le rôle des érudits religieux soit efficace, car ils sont les mieux placés pour orienter l’opinion publique loin de la futilité, des comportements indécents et de la criminalité.
Mohamed Abdennabaoui, président délégué du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire, a mis le doigt sur la plaie, voire y a versé du sel, en soulignant le rôle des érudits religieux et des prédicateurs dans la lutte contre la médiocrité et la déchéance du contenu numérique. Il a insisté sur le fait que cette problématique dépasse le cadre de l’autorité légale et nécessite une orientation forte de l’institution religieuse, un rôle qui ne peut être que nécessaire et efficace s’il est mis en œuvre selon un plan précis de transmission des valeurs.
Le parquet reste juridiquement responsable en tant qu’organe représentant la conscience du peuple face au phénomène du contenu numérique dégradant et offensant, qui menace les valeurs de la société, la sérénité publique et même la sécurité nationale. Ce type de contenu porte atteinte aux institutions et aux symboles du pays, tout en dénigrant les efforts déployés par l’État. Il ne fait pas la distinction entre la critique légitime et légale, qui relève de la liberté d’expression et du droit à la communication entre citoyens, et les actes d’incitation à certains niveaux.
Cependant, ce qu’il ne faut pas négliger, et auquel le colloque a répondu, c’est que cette bataille doit être menée par tous. Le rôle du parquet est d’éradiquer la médiocrité dès ses débuts, car, comme on dit, « la mauvaise monnaie chasse la bonne », et selon un proverbe marocain : « Un seul poisson pourrit tout le panier ». Laisser prospérer la mauvaise monnaie, ici représentée par le contenu numérique médiocre et offensant, aura un impact profond sur la société.
Toutefois, restaurer la société et la sauver des griffes de ce contenu dégradant nécessite deux éléments essentiels. On aurait souhaité que le Conseil s’intéresse aussi à son pendant, qui est le secteur des médias. Si le rôle des érudits religieux est d’orienter, les médias sérieux peuvent également jouer un rôle crucial dans ce domaine. Mais la plus grande crainte est que, sous couvert de sérieux et de crédibilité, un discours médiocre soit véhiculé, ce qui est déjà le cas dans certains médias sans que l’on y prête attention.