Le vendredi 16 mai 2025, le bureau exécutif de la Fédération Marocaine des Éditeurs de Journaux (FMEJ) s’est réuni dans un climat loin d’être ordinaire. Une réunion qualifiée de routinière sur le papier, mais qui, en réalité, s’est tenue dans un contexte critique, marqué par ce que les professionnels considèrent comme la phase la plus préoccupante de l’histoire récente de la gestion du secteur médiatique au Maroc, tant sur les plans juridique, économique que structurel.
Le bureau exécutif a exprimé son étonnement face à la poursuite d’une politique d’exclusion visant une partie des composantes représentatives du champ médiatique. Une marginalisation d’autant plus grave qu’elle touche des dossiers structurants, notamment les projets de lois sur la presse. Ces derniers sont actuellement entre les mains du Secrétariat Général du Gouvernement, sans aucune concertation avec les principales organisations professionnelles, contrairement aux pratiques de dialogue ouvertes observées depuis les Assises de la communication en 1993, en passant par les Rencontres de Skhirat en 2005, le Dialogue parlementaire sur la société et les médias en 2010, jusqu’au comité scientifique en 2012.
Mais au-delà de la méthode, c’est le fond de la crise qui inquiète : prolifération des contenus diffamatoires, fragilisation des règles déontologiques, effondrement des ventes de la presse papier, et une désunion inédite dans le corps professionnel. Autant de signes qui confirment, selon la FMEJ, que le secteur navigue à vue, sans vision claire ni volonté de réforme véritable.
La Fédération n’a pas manqué non plus de dénoncer le flou qui entoure la nouvelle approche adoptée pour la gestion du soutien public à la presse. Un soutien que la FMEJ a toujours défendu comme un levier d’accompagnement et non comme une source exclusive de survie. Elle déplore le lancement du processus de dépôt des demandes de subvention sans correction des lacunes du précédent arrêté ministériel, à l’exception de la réintégration des petites entreprises de presse. Plus inquiétant encore, la nouvelle composition de la commission chargée de l’examen des dossiers de soutien, désormais dominée par un seul courant représentatif, ce qui porte atteinte à la pluralité et à la crédibilité d’une instance censée servir l’ensemble du secteur.
Face à cette situation, le bureau exécutif a réaffirmé son engagement à suivre de près le processus en cours, en coordination avec ses partenaires, pour garantir un minimum de transparence, d’équité et de bonne gouvernance dans la répartition du soutien public.
Par ailleurs, la FMEJ a attiré l’attention sur l’avenir de l’instance d’autorégulation de la presse, rappelant que le mandat du comité provisoire désigné par le gouvernement touche à sa fin. Elle appelle ainsi à préparer l’organisation d’élections conformes à la loi et à l’esprit de l’article 28 de la Constitution, en engageant la responsabilité conjointe du ministère de tutelle, de la présidence du gouvernement et du Secrétariat Général du Gouvernement.
Sur le plan organisationnel, le bureau exécutif a décidé de lancer les préparatifs des assemblées générales régionales, comme le stipulent les statuts de la Fédération, tout en annonçant l’organisation d’activités de formation et d’animation professionnelle dans différentes régions du Royaume.
Le bureau a également salué le succès remarquable du congrès de l’Union Internationale de la Presse Sportive, récemment organisé à Rabat par l’Association Marocaine de la Presse Sportive. Il a exprimé son soutien à la dynamique unificatrice engagée par l’association, notamment à travers la création de la Fédération des Associations de la Presse Sportive. Il a formulé le souhait que cette démarche rationnelle contribue à la réhabilitation du journalisme sportif national et à la réussite des grands événements sportifs que le Maroc s’apprête à accueillir.
Enfin, le bureau exécutif a renouvelé son attachement au partenariat avec ses alliés : la Fédération Marocaine des Médias, l’Union des Petites Entreprises de Presse, et l’Union Nationale de la Presse, des Médias et de la Communication. Il a lancé un appel aux autres organisations professionnelles pour œuvrer à l’unification du secteur dans le cadre d’un dialogue sérieux, productif et responsable.