Depuis son indépendance en 1962, l’Algérie évolue dans un système politique singulier où l’armée nationale populaire (ANP) joue un rôle central, et ce, malgré la présence de façades civiles telles que la présidence, le gouvernement ou le Parlement. Historiquement, les véritables centres de décision ont souvent été concentrés entre les mains de l’institution militaire, notamment via l’ex-puissant Département du renseignement et de la sécurité (DRS), avant sa dissolution formelle en 2015.
Le soulèvement populaire de 2019, qui a précipité la chute du président Abdelaziz Bouteflika, a nourri un espoir de changement. Cependant, force est de constater que l’armée demeure l’acteur principal de la scène politique, malgré les discours officiels sur une “Nouvelle Algérie” et une Constitution remaniée. Le président actuel, Abdelmadjid Tebboune, élu à la faveur d’un scrutin contesté, est perçu par beaucoup comme le choix de l’institution militaire.
Sur le plan politique, le paysage reste verrouillé : l’opposition est marginalisée, les libertés publiques sont restreintes, et le Parlement est souvent accusé de manquer de réels pouvoirs. Les médias, quant à eux, sont largement dominés par la ligne officielle, ce qui limite le débat démocratique.
Sur le plan économique, la dépendance structurelle de l’Algérie aux hydrocarbures (pétrole et gaz) constitue une fragilité majeure, particulièrement face aux fluctuations des marchés mondiaux. Faute de diversification sérieuse, le pays reste exposé aux chocs externes et peine à créer une dynamique de croissance durable.
Sur le plan social, le désenchantement touche une large frange de la jeunesse, qui se tourne de plus en plus vers l’émigration clandestine (“harga”) comme ultime recours pour fuir le manque de perspectives. Ce phénomène révèle une perte de confiance dans les institutions et dans l’avenir du pays.
À l’international, si l’Algérie tente d’affirmer son rôle régional (Libye, Mali, Palestine), elle risque toutefois un certain isolement diplomatique, notamment si la fermeture politique perdure et si les libertés continuent à être restreintes.
En conclusion, le maintien d’un système dominé par l’institution militaire, sans réformes politiques profondes, pourrait accentuer les tensions sociales et l’instabilité, surtout dans un contexte de fragilités économiques cumulées. La seule issue viable reste une véritable transition démocratique, permettant l’instauration d’un État civil et d’une gouvernance transparente et partagée.