Lorsque le Maroc se classe 75e sur 120 pays dans l’indice du « bon gouvernement », cela signifie que son gouvernement n’est pas bon, car il se situe en dessous de la moyenne. Comment pourrait-il alors prétendre à des catégories telles que « bon », « assez bon » ou même « passable » ? Pire encore, le pays a reculé de cinq places. Si au moins il avait progressé, on aurait pu considérer qu’il était sur la voie de l’amélioration. Mais étant donné qu’il est en dessous de la moyenne et qu’il a reculé, cela en fait, sans détour, un « mauvais gouvernement ».
Le rapport, reconnu pour sa crédibilité à l’échelle mondiale, repose sur plusieurs piliers. Le Maroc y a obtenu de bons résultats dans certains, mais a échoué dans d’autres. En matière de diplomatie internationale, le Maroc se positionne à la 32e place, et réalise sa meilleure performance dans le pilier de la « gouvernance stratégique », où il arrive 50e mondial, avec de bons scores dans les sous-indices comme la « vision à long terme » (28e) et le « leadership éthique » (71e).
En revanche, le Maroc affiche une nette régression dans le pilier des « institutions solides », se classant à la 87e place, ainsi que dans celui de « l’aide au développement humain », où il est 85e. Ces résultats figurent parmi les plus faibles du rapport, révélant une faiblesse dans des indicateurs clés tels que la qualité de l’éducation (97e), la satisfaction vis-à-vis des services publics (103e), les taux d’emploi (109e), ou encore l’égalité entre les sexes (112e).
Dans le pilier des « marchés attractifs », le Maroc est 71e, affichant une performance relativement faible en matière de protection des droits de propriété (83e) et d’attractivité des investissements (73e). Cependant, il obtient un bon score dans la stabilité des lois commerciales, où il se classe 26e mondial.
Il se situe à la 76e place dans le pilier des « politiques et législations solides », à la 75e en matière de « primauté du droit », à la 64e pour la « qualité du système judiciaire », et à la 92e en ce qui concerne la « transparence ».
Ce dernier pilier reflète une disparité notable : bien que le Maroc ait un classement moyen en « primauté du droit » (75e) et en « qualité judiciaire » (64e), il est nettement en retard en matière de « transparence » (92e), ce qui soulève des questions sur l’engagement réel des autorités à fournir aux citoyens des informations précises et fiables sur la gestion gouvernementale, les budgets alloués et les marchés publics.
Le paradoxe dans tout cela, c’est que tout ce que le pays gagne en vision stratégique et en diplomatie, il le perd dans d’autres piliers fondamentaux. Même dans le domaine de la vision à long terme, où le Maroc affiche de bons résultats, le gouvernement échoue sur le plan de la gouvernance éthique.
Et lorsque l’indice affirme que les lois économiques sont stables au Maroc, il lui attribue néanmoins un score négatif pour leur mise en œuvre, ainsi qu’un score moyen, ou à peine supérieur, pour la gestion judiciaire dans ce domaine.
Encore une fois, le gouvernement échoue à l’épreuve des indicateurs. Après avoir échoué dans l’éducation, le développement et l’emploi, le voilà qui échoue aujourd’hui dans les piliers mêmes qui fondent la qualité d’un bon gouvernement.