Au cœur de Casablanca, un chantier stratégique reste en suspens : celui de la valorisation du patrimoine immobilier communal. De l’ancien abattoir abandonné au complexe sportif Al Amal, en passant par le club équestre Moulay Rachid, la ville dispose d’actifs fonciers considérables. Pourtant, faute d’un schéma directeur clair et fédérateur, ces ressources restent en grande partie inexploitées.
L’ambition est pourtant bien là. Les autorités locales multiplient les initiatives pour moderniser l’espace urbain, redynamiser les quartiers et générer de nouvelles recettes. À la manœuvre, Houcine Nasrallah, deuxième vice-président du Conseil de la ville et en charge du dossier immobilier, affirme que plusieurs projets ont déjà été lancés, même en l’absence d’un cadre global. Il cite notamment le cas emblématique d’un terrain situé sur l’avenue Zerktouni, évalué à 188 millions de dirhams, occupé illégalement depuis plus de 40 ans : « Il n’y avait pas besoin d’un plan directeur pour engager une procédure judiciaire et récupérer ce bien », tranche-t-il.
Mais cette approche ne fait pas l’unanimité. Dans les rangs de l’opposition, des voix s’élèvent pour réclamer plus de transparence et une vision globale. Abdessamad Haiker, élu du Parti de la Justice et du Développement (PJD), estime que la gestion actuelle manque de cohérence : « La valorisation du patrimoine ne peut se faire au coup par coup. Il faut une stratégie claire, équitable, et fondée sur l’intérêt général », soutient-il.
En parallèle, certains projets ambitieux voient tout de même le jour : la reconversion des anciens abattoirs en un pôle culturel, la réhabilitation du complexe Al Amal ou encore la récupération d’espaces publics sous-utilisés. Des chantiers qui témoignent d’une volonté de changement, mais qui se heurtent à des lenteurs administratives, des contestations politiques et des blocages juridiques.
Casablanca, qui aspire à devenir une métropole moderne et résiliente, se trouve donc à la croisée des chemins. La valorisation de son patrimoine immobilier peut devenir un levier majeur de développement… à condition de sortir des logiques de fragmentation et de conflit pour construire enfin une vision partagée et audacieuse.