Le Parti de la Justice et du Développement (PJD) a récemment déclenché une polémique politique en dénonçant ce qu’il qualifie de « scandale » impliquant le Premier ministre Aziz Akhannouch. Lors d’une conférence de presse organisée au siège central du parti à Rabat, le PJD a mis en lumière des accusations de conflit d’intérêts liées à l’attribution d’une gigantesque affaire de dessalement d’eau de mer à Casablanca.
Conflit d’intérêts et gestion opaque
Le PJD affirme qu’une société appartenant à Aziz Akhannouch a remporté un contrat colossal pour construire et gérer la plus grande station de dessalement d’Afrique, située à Casablanca. Ce projet, dont le coût s’élève à 16 milliards de dirhams, a été attribué à l’entreprise « Afriquia Gaz », propriété du Premier ministre. Selon les responsables du parti, cela constitue une violation flagrante du principe de transparence et de la loi sur les conflits d’intérêts, clairement stipulée dans la Constitution marocaine, notamment son article 36.
Dans une déclaration, le PJD souligne que cette situation place Akhannouch dans une posture où il profite de son rôle de chef de gouvernement pour servir ses intérêts personnels. « Il est inacceptable qu’un Premier ministre se trouve en position de favoriser sa propre entreprise à travers un marché public stratégique », a déclaré Abdallah Bouanou, président du groupe parlementaire du PJD.
Contradictions dans les déclarations officielles
Une autre critique formulée par le PJD concerne des déclarations contradictoires d’Akhannouch. Lors d’une session parlementaire récente, il aurait affirmé que le gouvernement n’avait pas accordé de soutien public pour des projets comme celui du dessalement d’eau. Cependant, le parti rappelle que le communiqué du 10 décembre de la présidence du gouvernement indiquait clairement que des aides avaient été octroyées dans ce domaine.
Cette incohérence, selon le PJD, illustre une tentative de dissimulation qui met en péril la confiance des citoyens dans les institutions publiques et l’intégrité des responsables gouvernementaux.
Un appel à la démission
Face à cette controverse, le PJD a appelé Aziz Akhannouch à démissionner de son poste de Premier ministre, soulignant que sa présence à la tête du gouvernement dans un tel contexte compromet gravement la crédibilité des institutions. « Si cette situation persiste, cela érodera encore davantage la confiance dans le gouvernement et affectera négativement l’économie nationale », a déclaré Bouanou.
Le PJD a également rappelé des précédents internationaux où des responsables politiques ont quitté leurs fonctions face à des soupçons de conflit d’intérêts, affirmant que le Maroc devrait suivre cet exemple pour préserver la probité et la transparence.
Un enjeu stratégique pour le Maroc
Le projet de dessalement d’eau de mer à Casablanca est crucial pour répondre aux besoins croissants en eau potable et en irrigation dans une région densément peuplée. Prévu pour produire 548 000 mètres cubes d’eau par jour, il s’inscrit dans un plan national visant à multiplier les stations de dessalement d’ici 2030. Cependant, le processus d’attribution du contrat et les accusations de favoritisme pourraient ternir l’image de ce projet stratégique.
En conclusion, le PJD met en garde contre les conséquences de ce qu’il considère comme une gestion « irresponsable » et appelle à une enquête approfondie pour garantir que les lois sur la concurrence et la transparence soient respectées. Le débat autour de cette affaire reste ouvert, et l’avenir politique d’Akhannouch pourrait être en jeu.