Le Plan Maroc Vert a envahi la scène médiatique depuis son lancement en 2008. Ses annonces ont pénétré les foyers marocains, et ses produits ont orné les foires nationales, régionales et internationales. Les Marocains ont alors rêvé d’abondance et de prospérité, espérant atteindre l’autosuffisance en céréales, légumineuses, fruits et légumes. Cependant, ils se sont réveillés face à une réalité différente : une dépendance accrue aux importations de blé tendre et dur de Russie et d’Ukraine, ainsi que de lentilles et de haricots en provenance du Canada et de l’Égypte.
Les attentes étaient également élevées quant à la constitution d’un cheptel national permettant de garantir une offre abondante de viande rouge, allant même jusqu’à envisager l’exportation. Mais ces espoirs se sont effondrés lorsque le Maroc a dû compter sur des importations massives de bovins et d’ovins en provenance du Brésil, d’Australie, de Roumanie, du Portugal et d’Espagne pour combler le déficit du marché. Ces pays ont également expédié des milliers de tonnes de viandes rouges, congelées et fraîches, pour répondre à la demande locale.
Malgré le pari placé sur le Plan Maroc Vert, le marché marocain des viandes et du bétail reste sous l’emprise des hausses vertigineuses des prix, contrôlé par des intermédiaires puissants, des spéculateurs et des monopoles. Ainsi, les espoirs des citoyens se sont dissipés face à l’augmentation des prix et à l’épuisement des ressources en eau, conséquence des cultures intensives destinées à l’exportation. Ces cultures, loin d’apporter une réelle plus-value économique en raison d’une concurrence mal étudiée, ont également provoqué un stress hydrique menaçant les réserves nationales d’eau.
Le même schéma semble se dessiner avec les projets d’énergies renouvelables. De nombreux citoyens pensaient que la diversification énergétique réduirait leurs factures d’électricité, voire permettrait l’exportation d’énergie. Aujourd’hui, un nouveau rêve prend forme : celui d’un Maroc numérique porté par la stratégie « Maroc Digital 2030 », ambitionnant de dynamiser l’économie nationale à travers le numérique.
Lors du lancement officiel de cette stratégie en septembre dernier, les responsables ont exprimé clairement cet objectif : la création de 240 000 emplois directs d’ici cinq ans, coïncidant avec l’organisation par le Maroc de la Coupe du Monde 2030. Ces emplois, espèrent-ils, compenseront un taux de chômage dépassant