Par Idriss Adar
Benyamin Netanyahou a remporté une victoire symbolique inespérée. Son bureau a annoncé le rapatriement des restes d’un soldat israélien depuis la Syrie. Le communiqué indique : « Lors d’une opération spéciale menée par le Mossad et l’armée israélienne, nous avons ramené au pays les restes de… Tsvika Feldman, tombé lors de la bataille de Sultan Yaacoub en juin 1982 ».
Cette bataille, qui s’est déroulée en 1982, a opposé les forces syriennes aux forces sionistes.
Dans un communiqué conjoint, l’armée israélienne et le Mossad ont précisé : « Au cours d’une opération spéciale dirigée par l’armée et le Mossad, la dépouille du sergent Tsvika Feldman a été retrouvée en territoire syrien et rapatriée en Israël ».
Ni la déclaration du bureau de Netanyahou ni celle des autorités militaires et du renseignement n’ont précisé quand ni comment les restes ont été retrouvés. Il n’a pas non plus été indiqué si le groupe jihadiste de la région du Golan a contribué à cette opération.
Tous les médias ont mentionné la bataille de Sultan Yaacoub, tout en évitant de décrire son déroulement, notamment les défaites israéliennes que certains médias arabes rechignent à exposer. Aucun média n’a non plus évoqué l’origine du nom de cette localité, située dans la région du Bekaa-Ouest, connue sous le nom de « village de Sultan Yaacoub ». Ce nom serait lié à la présence d’un mausolée que certains historiens attribuent à Abû Yûsuf Ya‘qûb al-Mansûr, troisième souverain de la dynastie almohade.
Dans son ouvrage Al-Kamil fi al-Tarikh, Ibn al-Athir rapporte : « Cent quarante-six mille ennemis furent tués, contre vingt mille musulmans ».
L’historien Abû Shâma évoque également Ya‘qûb al-Mansûr avec éloge, puis rapporte des versions divergentes concernant sa fin : certains disent qu’il renonça à son trône, mena une vie d’errance incognito en Orient, et mourut dans l’oubli à Baalbek ; d’autres affirment qu’il retourna à Marrakech, où il mourut, tandis qu’une autre version le fait mourir à Salé, après avoir vécu quarante ans.
Dans Wafayât al-A‘yân, Ibn Khallikân écrit : « De nombreux habitants de Damas m’ont rapporté qu’il existait dans la plaine de la Bekaa, près de la localité de Majdal, un village appelé Hâmara, où se trouve un mausolée connu sous le nom de “Tombeau du prince Yaacoub, roi du Maroc”, et que tous les habitants de cette région s’accordent sur cette tradition ».
Il est communément admis qu’il serait mort au Maroc, bien que la date et le lieu exacts restent incertains : certains évoquent le mois de Rabî‘ al-Âkhir, d’autres le mois de Safar de l’année 595 de l’Hégire. Le doute subsiste : si un tel souverain était mort en son palais, pourquoi tant de divergences sur sa fin ?
Quoi qu’il en soit, la trace marocaine au Liban demeure vivace, avec une présence notoire de familles beyrouthines d’origine marocaine. Certains linguistes ont même relevé des mots d’origine maghrébine dans le dialecte beyrouthin.