L’Autorité Nationale des Renseignements Financiers, en collaboration avec l’Administration des Douanes et Impôts Indirects, mène des investigations approfondies sur un réseau international spécialisé dans le blanchiment d’argent issu du trafic de drogue. Ce réseau utilise des cargaisons de téléphones et d’ordinateurs portables d’occasion, introduites clandestinement depuis l’Espagne et l’Italie vers le Maroc.
Selon les premières investigations, ces appareils sont acheminés en petites quantités et stockés dans des entrepôts situés dans des quartiers populaires de Casablanca. Un professeur d’anglais est soupçonné d’assurer la distribution de ces marchandises aux commerçants de détail dans des marchés bien connus comme celui de « Derb Ghallef ».
Les enquêteurs ont découvert que le suspect utilisait de fausses factures pour écouler de grandes quantités d’appareils électroniques haut de gamme vers de petites et moyennes entreprises de Casablanca. L’audit de ses transactions financières a révélé qu’il exploitait des comptes bancaires au nom de son épouse et de sa mère pour recevoir les revenus de la vente, qu’il retirait ensuite en espèces avant de les remettre à des intermédiaires répartis entre Tanger, Kénitra et Casablanca, après avoir prélevé sa commission.
Les autorités ont également constaté un décalage significatif entre le niveau de vie du suspect et son salaire d’enseignant. Il possédait plusieurs biens immobiliers et des voitures de luxe, dont certains ont récemment été transférés au nom de son épouse et de son fils. De plus, l’examen de ses déplacements a révélé des voyages fréquents et de courte durée en Espagne, ce qui a renforcé les soupçons sur son implication dans des activités illicites.
Dans le cadre de cette enquête, les services des douanes ont transmis à l’Autorité Nationale des Renseignements Financiers des informations détaillées sur la saisie de cargaisons de téléphones et d’ordinateurs usagés. L’examen des numéros de série et des caractéristiques techniques a permis d’établir un lien direct avec les activités de contrebande utilisées pour blanchir l’argent.
Les sommes collectées par le suspect dépassaient 300 millions de centimes (3 millions de dirhams) par mois, un montant susceptible d’augmenter avec l’introduction de nouveaux équipements plus coûteux, comme des appareils photo professionnels.
Cette affaire s’inscrit dans les efforts continus de l’Autorité Nationale des Renseignements Financiers pour lutter contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Entre 2022 et 2023, l’Autorité a transmis 71 dossiers aux parquets de Rabat, Casablanca, Fès et Marrakech, enregistrant une hausse de 31,48 %. Les affaires liées à la falsification de documents bancaires et aux escroqueries représentent chacune 38 % des cas, tandis que de nouveaux types de blanchiment émergent, notamment via les paris sportifs, les systèmes de vente pyramidale et les cryptomonnaies.