Par Mohamed Afri
À chaque lancement de l’opération Marhaba, destinée à accueillir les Marocains résidant à l’étranger durant la période estivale, les professionnels du tourisme laissent libre cours à leur optimisme et à leurs prévisions d’une saison prometteuse.
En réalité, le secteur touristique national connaît chaque été un regain d’activité grâce au retour massif des Marocains du monde, qui coïncide avec les congés professionnels et scolaires d’été. Ces derniers constituent l’épine dorsale des flux touristiques vers le Maroc, en générant chaque année plusieurs millions d’arrivées.
Mais ce qui est plus problématique encore, c’est la manière dont le ministère du Tourisme — et les institutions « officielles » qui en dépendent — comptabilisent les Marocains résidant à l’étranger dans la catégorie des touristes étrangers. Non seulement ils les inscrivent sur les listes statistiques comme des touristes à part entière, mais ils intègrent également leurs transferts en devises dans les recettes touristiques globales du pays.
Or, les Marocains du monde ne sont pas les seuls piliers de l’économie nationale par leur demande intérieure liée à la consommation. Leurs compatriotes restés au pays y contribuent également, notamment à travers leur consommation quotidienne et par les recettes fiscales qu’ils génèrent.
Et ce n’est pas uniquement le secteur du tourisme qui attend avec impatience le retour estival de la diaspora pour respirer. L’ensemble des secteurs — de l’immobilier au plus petit projet de restauration — vivent au rythme du retour de ces « touristes marocains », qui permet chaque année une relance économique exceptionnelle, bien que les prix dépassent souvent les seuils raisonnables en l’absence de contrôle rigoureux et sous la pression d’une demande exponentielle face à une offre parfois limitée.
Dans le domaine touristique toujours, les professionnels se montrent aujourd’hui très optimistes, misant sur une saison estivale exceptionnelle, portée par des indicateurs positifs montrant un regain d’activité grâce à l’afflux de touristes venus de l’étranger, principalement issus de la diaspora marocaine résidant en Europe et ailleurs. Nombreux sont ceux qui préfèrent passer leurs vacances d’été au Maroc, attirés non seulement par le besoin de renouer avec leurs proches, mais aussi par la richesse naturelle du pays : mers, vallées, montagnes, déserts… Le tout appuyé par des infrastructures en plein développement : routes, chemins de fer, transports, complexes touristiques, centres de loisirs et équipements sportifs.
Les professionnels du secteur s’accordent à dire que ce retour massif des Marocains du monde devrait profiter cette année à de nouvelles destinations au-delà des classiques Fès, Marrakech, Tanger, Agadir, Ouarzazate et des villes côtières. Le tourisme se développe vers d’autres régions, notamment dans le sud du Royaume, là où vont déjà les touristes étrangers. Le sud marocain attire aujourd’hui au-delà de Ouarzazate et Errachidia : Dakhla, Laâyoune et d’autres localités des provinces du Sud connaissent un engouement croissant.
Face à cette dynamique estivale sans précédent, il est impératif que le ministère du Tourisme et les institutions concernées aient renforcé les capacités d’hébergement, amélioré la qualité des prestations, et surtout mis en place des mécanismes de contrôle, à commencer par la surveillance des prix.
Si le tourisme marocain repose en grande partie sur le retour estival des Marocains du monde — au détriment d’une véritable stratégie de développement du tourisme intérieur —, alors il est temps que le secteur se dote d’une vision à l’année, capable de répondre à la demande sur les quatre saisons, sans rester prisonnier d’un tourisme d’été « saisonnier », dont le socle demeure… la diaspora.