Depuis plus d’une semaine, des précipitations exceptionnelles s’abattent sur le Maroc, atteignant des records, avec des prévisions indiquant leur poursuite jusqu’à dimanche prochain. Selon les services météorologiques internationaux, ces pluies sont attribuées aux tempêtes « Jana » et « Konrad ». Mais, en fin de compte, elles relèvent de la volonté du Tout-Puissant, Celui qui redonne vie à la terre après sa mort, l’Omniscient qui régit toute chose avec mesure.
Mes frères, la pluie est enfin arrivée, alors que l’agriculteur, l’ouvrier, le fonctionnaire, l’ingénieur, le politicien, l’épicier, le médecin, le citoyen ordinaire, l’artisan et l’enseignant avaient perdu tout espoir. Tous redoutaient une année de sécheresse exceptionnelle, venant parachever une série de sept années difficiles. Mais « le jugement n’appartient qu’à Dieu », et lorsque Sa volonté est décrétée, il Lui suffit de dire « Sois » et cela est. Ainsi, la pluie a inondé tout le pays pendant plusieurs jours, irriguant la terre, verdissant les champs et remplissant les barrages.
Alors, ces pluies de mars marqueront-elles la fin de la sécheresse au Maroc ? Depuis toujours, les Marocains considèrent que quelques gouttes en mars sont annonciatrices d’une saison agricole prospère. Que dire alors d’un déluge continu, augurant d’une année abondante ? Leurs ancêtres avaient un proverbe bien ancré : « Si la pluie tombe en mars, prépare tes chevaux pour labourer », ou encore « La pluie de mars fait danser les chevreaux ». Aujourd’hui, ils espèrent que les précipitations se poursuivront jusqu’en avril, pour pouvoir ajouter une autre sagesse de leurs aïeux : « Si la pluie tombe en avril, prépare tes greniers à céréales ». Une promesse d’une année prospère et sans précédent.
Mais alors, 2025 marquera-t-elle une rupture avec les années de sécheresse qui ont affaibli le Maroc, entraînant une flambée des prix, une raréfaction des ressources et une crise hydrique sévère ? Si les précipitations se poursuivent jusqu’en avril, elles éloigneront le spectre d’une année sèche et placeront 2025 parmi les années agricoles les plus fertiles du Maroc. Même si elles arrivent tardivement, elles auront des effets positifs à court et moyen terme : d’un côté, elles sauveront la saison agricole et, de l’autre, elles constitueront des réserves cruciales pour l’année suivante, que ce soit pour l’eau potable ou l’irrigation. L’une des retombées les plus attendues est aussi le renouvellement des pâturages, contribuant ainsi à la reconstitution du cheptel national, sévèrement affecté par la sécheresse.
Cependant, l’espoir d’une sortie définitive de la sécheresse en 2025 repose sur la continuité des précipitations jusqu’à avril, une période clé pour assurer une dynamique agricole positive en prévision de la prochaine saison, qui débute traditionnellement en septembre. D’où l’urgence pour le Maroc de capitaliser sur cette période pluvieuse pour réfléchir à des solutions durables et mettre en place des alternatives pérennes. Certains économistes suggèrent d’ailleurs de reporter l’adoption de la loi de finances à mars, afin d’intégrer l’impact des conditions climatiques, notamment face aux effets du changement climatique, qui bouleversent les cycles de précipitations. Il n’est pas exclu que mars devienne le mois clé des précipitations, transformant ainsi cette tendance en norme plutôt qu’en exception.
Malgré ces bonnes nouvelles, certains experts en gestion des ressources hydriques restent sceptiques quant à une sortie imminente de la crise de sécheresse, soulignant l’imprévisibilité des phénomènes climatiques dans un contexte de changement climatique drastique. L’histoire récente de l’agriculture marocaine nous rappelle qu’en 2021, la production agricole avait été correcte, avant de chuter brutalement sous l’effet des années de sécheresse successives.
Quelles que soient les analyses et les prévisions divergentes, les Marocains, rassurés par ces pluies bienfaisantes, restent convaincus que la pluie de mars est synonyme de prospérité. Rien ni personne ne pourra les détourner de cette croyance enracinée, car pour eux, une pluie abondante en mars est la promesse d’une année agricole exceptionnelle. Comme le rappellent leurs dictons transmis de génération en génération :