La nomination des membres du conseil d’administration du Théâtre Royal ne peut passer inaperçue, tant par les noms qui le composent, leur poids et leur valeur culturelle aux niveaux national et international, que par l’absence du ministre de la Culture dans sa composition. Il n’y a pas de place pour le hasard dans les grands projets, contrairement à ceux du gouvernement, souvent marqués par l’improvisation.
Des figures de renom y figurent : Brigitte Macron, Sheikha Al Mayassa, présidente du conseil d’administration des musées du Qatar, Othman Benjelloun, Michael Zaoui, homme d’affaires international d’origine marocaine, Makhtar Diop, Huda Al Khamis, Gad Elmaleh, Michel Canesi, médecin et écrivain français, Hélène Mercier-Arnault, Farid Bensaïd, ainsi que Mohamed El Yaacoubi, wali de la région Rabat-Salé-Kénitra, à laquelle est administrativement rattaché le théâtre.
Le fait de placer le Théâtre Royal hors de la tutelle du ministère de la Culture, en tant qu’organe politique soumis au changement, renvoie à la vision stratégique de la culture telle que perçue dans la pensée royale. Ce n’est pas nouveau : l’institution royale a toujours accordé un grand soin à la culture, dans son acception noble et élevée, loin des conceptions dévalorisantes qui réduisent la culture à une marchandise. La présence de grandes figures du monde des affaires en est la preuve : la culture n’est pas une marchandise, elle a besoin de capitaux pour la servir, non pour l’asservir.
Le Royaume du Maroc a très tôt pris conscience des rôles majeurs que peut jouer la culture, notamment avec la création de l’Académie du Royaume du Maroc, qui a accueilli parmi ses membres les plus grands penseurs. À titre d’exemple, on peut citer l’adhésion du grand philosophe musulman sénégalais Souleymane Bachir Diagne, figure éminente de la pensée contemporaine aux États-Unis. D’autres personnalités internationales ont également appartenu à cette institution : Léopold Sédar Senghor, poète et ancien président du Sénégal, Henry Kissinger, Edgar Faure, ainsi que des intellectuels marocains tels que le philosophe Aziz Lahbabi, ou encore le prospectiviste Mehdi Elmandjra. La liste est longue.
Des personnalités du monde de la philosophie, de la pensée, de la politique, de l’expertise, de l’économie et de l’art ont œuvré, et continuent d’œuvrer, à la production de la pensée et du savoir. L’Académie continue d’accueillir de nouvelles figures, dans une fidélité constante à la trajectoire tracée par le Maroc.
À cela s’ajoute le Musée Mohammed VI d’art moderne et contemporain, véritable trésor destiné à transmettre la connaissance artistique au public et à rapprocher l’art noble du citoyen. Le festival Mawazine – Rythmes du Monde, quant à lui, permet de rapprocher la musique et les arts du monde entier des citoyens de toutes classes sociales. Il accueille toutes les formes d’art, des plus nouvelles aux plus prestigieuses, avec des artistes de renommée mondiale.
Dans l’ensemble, la vision royale fait de la culture un axe stratégique structurant les orientations de la société, et considère que toutes les autres sphères doivent la servir. Une telle ambition ne peut être portée que par une culture solide, sérieuse, nourrie par des idées résistantes à la décadence intellectuelle et en phase avec les mutations mondiales.
Le ministère – écarté du conseil d’administration du Théâtre Royal – propose, lui, une culture de consommation rapide, semblable à la restauration rapide, servant tous les autres domaines au point de devenir un produit périssable, commercialisable et échangeable. La vision royale, elle, conçoit la culture comme une pépinière d’idées. C’est pourquoi des noms de poids ont été choisis pour siéger dans le conseil d’administration du Théâtre Royal, à la hauteur de ce que ce haut lieu est appelé à abriter : œuvres magistrales, grandes manifestations artistiques et créations detous les arts.
