La tension monte dans le secteur des médias au Maroc. La Fédération Marocaine des Éditeurs de Journaux (FMEJ) a vivement réagi à l’inscription soudaine de deux projets de loi à l’ordre du jour du Conseil de gouvernement prévu ce jeudi. Ces textes concernent la réorganisation du Conseil National de la Presse (CNP) ainsi que la modification du statut des journalistes professionnels.
Ce qui alarme la Fédération, c’est d’abord la forme : aucune concertation, aucune information préalable, aucune tentative d’échange avec les acteurs concernés. « C’est une première dans l’histoire de la gestion du secteur », dénonce la FMEJ, qui fustige une méthode de gouvernance « strictement exclusive » et en totale rupture avec l’esprit de la Constitution, notamment son article 28 relatif à la liberté de la presse et à l’organisation professionnelle des médias.
La FMEJ, qui regroupe 350 entreprises de presse réparties dans toutes les régions du Royaume, rappelle qu’elle avait remporté l’ensemble des sièges dédiés aux éditeurs lors des précédentes élections du CNP. Elle s’étonne ainsi de son exclusion pure et simple des débats, comme si elle n’était ni représentative, ni légitime, ni même reconnue comme un acteur du tissu médiatique national.
Cette mise à l’écart ne serait pas un incident isolé, selon la Fédération. Elle évoque une série de décisions prises sans concertation : un accord social imposé, la mise en place d’une commission provisoire, et une gestion du soutien public au secteur menée « de manière unilatérale ». Elle dénonce également la monopolisation du dialogue par un seul acteur, taillé « sur mesure » pour valider textes et orientations.
Dans son communiqué, la FMEJ met en garde contre une dérive autoritaire qui pourrait déboucher sur l’adoption de lois « arbitraires, biaisées et régressives », en contradiction avec la lettre et l’esprit de la Constitution. En l’absence de consultation véritable, la Fédération estime que les projets de loi sont entachés d’illégalité dès leur genèse.
Elle appelle à un rétablissement urgent du dialogue et à une véritable approche participative, seule garante de réformes crédibles, durables et respectueuses de l’indépendance du secteur.