Rien ne justifie l’agression d’un agent de l’autorité, peu importe la situation, car il représente une autorité symbolique avant d’être une autorité exécutive, et il ne faut pas laisser cette autorité s’effondrer, car ce qui suivra ne sera que le chaos. Même si quelqu’un se sent victime des abus d’un agent de l’autorité dans un endroit donné, il lui suffit de recourir à la justice pour obtenir réparation si son droit est légitime. Ce que nous observons dans certaines zones est un signe de transformations douteuses, et ce que nous faisons ici n’est qu’une tentative d’explication des causes d’un phénomène malsain qui doit être abordé avec sérieux et honnêteté avant qu’il ne soit trop tard.
Ces dernières semaines, la violence envers les agents de l’autorité a pris de l’ampleur, souvent de la part de citoyens dans des situations non conformes à la loi, tels que les vendeurs ambulants ou ceux qui exploitent certains commerces sans permis nécessaires. Le gouvernement tente de gérer la crise économique en envoyant les agents de l’autorité face aux citoyens, sans avoir un plan clair pour passer de l’économie informelle à l’économie formelle.
Nous estimons que cette tension découle de deux facteurs principaux, bien qu’il y ait d’autres facteurs secondaires contribuant à ce problème.
Le premier facteur est l’attitude du gouvernement envers le citoyen, et le second facteur est l’impact des réseaux sociaux.
Le gouvernement sait que le Maroc traverse une crise économique et sociale, et qu’une grande partie de la population vit grâce à des métiers informels. Cela aurait pu être traité en favorisant le statut de travailleur indépendant et en intégrant tout le monde dans le système fiscal, au lieu de priver de nombreuses familles de leurs sources de revenus sans proposer d’alternative viable. Une alternative ne pourra exister que par la mise en place d’un modèle économique capable d’intégrer tous les Marocains, en tenant compte des capacités éducatives et formatrices d’une grande partie de la population.
Le gouvernement est également conscient qu’environ cinq millions de Marocains âgés de 15 à 34 ans sont ni à l’école, ni en formation, ni dans le système de l’emploi, et donc, il est le principal responsable de l’essor des métiers marginaux, qui ne peuvent prospérer que dans la rue. De plus, le pouvoir d’achat des citoyens, affaibli par les politiques gouvernementales, pousse de plus en plus de gens à acheter des biens dans la rue, jugés moins chers.
Quant aux réseaux sociaux, c’est une autre catastrophe qui touche les Marocains, et il faut ici souligner la responsabilité du gouvernement à cet égard. C’est lui qui lutte contre les médias et la presse sérieuse tout en encourageant la médiocrité et en soutenant des sites qui ont introduit le concept de « routine quotidienne » dans le journalisme, parfois contre son gré.
Nous savons qu’il est impossible de supprimer totalement la médiocrité dans les médias ou sur les réseaux sociaux, et cela ne se produira en aucun cas, mais pour que la voix de la vérité soit entendue, il est impératif de soutenir un journalisme crédible, même s’il est minoritaire.
À un moment donné, les gouvernements ont mis l’agent de sécurité face aux citoyens, et cette image n’a été effacée que grâce à un énorme effort. Aujourd’hui, on met l’agent de l’autorité face au citoyen, ce qui est dangereux pour toutes les institutions.