Le peuple marocain célèbre aujourd’hui, samedi, une grande commémoration et une épopée nationale qui a marqué le passage de la revendication des réformes politiques, présentées par le mouvement national aux autorités du protectorat, à la demande d’indépendance. Ce document historique a constitué un acte fondamental d’accord total entre le mouvement national et le sultan Sidi Mohammed Ben Youssef, qui était sous un strict blocus imposé par le protectorat. Il semblerait qu’Abderrahim Bouabid ait introduit le document avant de le remettre aux autorités du protectorat, s’étant glissé dans le coffre d’une voiture d’un garde sympathisant avec les nationalistes.
Le 1er décembre 1943, le mouvement national marocain, à travers le Bloc de l’Action Nationale, a demandé plusieurs réformes administratives, économiques et sociales aux autorités du protectorat français au profit du peuple marocain, en soumettant le document des revendications du peuple marocain, également connu sous le nom de Programme des réformes marocaines. Omar Benabdeljalil et Mohamed Hassan El Ouazzani furent chargés de présenter ces revendications au ministre des Affaires étrangères, Pierre Laval, à Paris. La réponse des autorités françaises fut de ne pas satisfaire les revendications du peuple marocain et d’arrêter et exiler plusieurs responsables marocains.
Cependant, peu de temps après, le 11 janvier 1944, le document de l’indépendance fut présenté. Les membres du mouvement national, en coordination avec Sa Majesté le Roi Mohammed V, ont mené une bataille décisive en remettant le document de revendication de l’indépendance aux autorités du protectorat français, et en envoyant des copies au résident général Gabriel Puaux, aux consuls généraux de Grande-Bretagne et des États-Unis, au général de Gaulle, et à l’ambassadeur de l’Union soviétique en Algérie française.
Le Maroc a traversé des conditions très difficiles, avec une intensification de la résistance armée et l’exil de Mohammed V loin de la patrie, mais toutes ces épreuves ont été couronnées par l’indépendance et le retour du sultan exilé. À sa descente d’avion, il déclara : « Nous sommes passés du petit jihad au grand jihad ». Le petit jihad consistait à expulser l’occupant, et le grand jihad à construire l’État.
Le premier acte du roi fut de nommer un conseil national constituant composé du mouvement national, des savants et des intellectuels, avant de passer aux élections qui produisirent un parlement pour rédiger les lois. Afin d’éviter toute domination, le Maroc publia le dahir des libertés publiques, qui consacra le pluralisme politique et la liberté associative.
Le défunt roi Hassan II a poursuivi la construction de l’État et a achevé la récupération des terres spoliées, aboutissant à la Marche Verte, qui a permis de récupérer les provinces du Sud du Royaume de l’occupation espagnole.
Le roi Mohammed VI a poursuivi cette voie, propulsant le Maroc au rang des nations influentes, en tant que puissance régionale incontournable dans tout projet de stabilité et de sécurité en géopolitique. Grâce à lui, notre cause nationale a triomphé, avec la reconnaissance de la marocanité du Sahara par 46 pays africains et des puissances internationales comme les États-Unis et la France, ainsi que des puissances régionales comme l’Espagne, un effort colossal.
En outre, la diplomatie sécuritaire et sportive a construit une nouvelle image du Maroc, qui a eu des répercussions positives sur de nombreux secteurs, mais pas sur les revenus des citoyens. Cela signifie que le gouvernement actuel est déconnecté de ce parcours historique, pouvant être considéré comme une « contre-jihad », analogue à une « contre-révolution », portant atteinte à l’image du Maroc à chaque occasion.