Nous avons évité de nous poser la question : pourquoi sommes-nous malheureux ? Probablement pour atténuer l’impact du nouveau classement qui nous place en bas du classement des peuples les plus heureux. Pourtant, les Marocains ont toujours su créer du bonheur à partir de rien. Nous sommes un peuple jovial, plein d’humour et de dérision. Alors, comment en sommes-nous arrivés là ? Pourquoi l’indice de bonheur des Marocains a-t-il chuté ? Qui nous a entraînés au bas du classement ? Y a-t-il une volonté de nous empêcher de rire ? Qui veut faire de nous un peuple malheureux ?
Le Maroc s’est classé 112ᵉ parmi les 150 pays évalués dans cet indice du bonheur. Ce classement repose sur plusieurs critères, notamment le PIB par habitant, l’espérance de vie, la liberté, la générosité de l’État envers ses citoyens, ainsi que le soutien social et l’absence de corruption dans les gouvernements ou les entreprises.
Si l’indice du bonheur établit des critères précis pour évaluer le bonheur, cela signifie que le malheur n’est pas une fatalité ni une donnée sociale naturelle, mais plutôt quelque chose de fabriqué, dont certains portent la responsabilité historique. Une chute de 28 places en un seul classement est un désastre qui doit être pris au sérieux, sans mépriser ces rapports. En réalité, chaque rapport peut être utile au gouvernement, s’il était composé de dirigeants rationnels, car il lui offre une opportunité de réévaluer ses politiques.
La chute dans l’indice du bonheur a de nombreuses causes. Un citoyen ne peut être heureux que s’il bénéficie d’une sécurité sociale solide.
Comment peut-on être heureux lorsque l’on subit quotidiennement des coups, une « rééducation » forcée, comme l’avait mentionné un jour le chef du gouvernement avant d’accéder à son poste ? Cette « rééducation » s’est avérée être une forme de répression sociale, qui ne nécessite ni prisons ni coups de bâton, mais simplement l’activation de réseaux de monopole et d’intermédiaires économiques, qui ont infligé aux Marocains une double peine.
Comment peut-on s’attendre à ce qu’un citoyen soit heureux alors que la situation sociale est en ruine ? Comment peut-il ressentir du bonheur alors que son salaire ne couvre même pas ses besoins essentiels, tandis que les biens de consommation non essentiels sont devenus hors de portée ? Ne vous laissez pas tromper par l’abondance des produits sur le marché et l’afflux des consommateurs, car sans statistiques précises, il est impossible de savoir combien de citoyens y ont réellement accès. Une grande partie de ceux qui consomment ces produits sont en réalité profondément malheureux.
Un citoyen qui s’endort le ventre vide, qui ignore ce que le lendemain lui réserve, ne peut jamais être heureux. Celui qui peine à couvrir les frais du Ramadan et des fêtes ne peut pas l’être non plus. Pire encore, certains doivent recourir aux prêts bancaires pour y parvenir. Tous ces individus ne peuvent être qualifiés d’heureux.
Le gouvernement a détruit l’échelle et les repères de la sécurité sociale, basés sur des critères clairs qui ne sont pas remplis pour la majorité des Marocains. Ainsi, cet indice, fondé sur des bases scientifiques, ne fait que révéler une vérité amère : le gouvernement a contribué à accroître le malheur du peuple marocain.