Dr. Rachid Lazraq
Le Parti de l’Istiqlal est connu pour ses manœuvres politiques habiles et sa flexibilité dans la gestion des mutations de la scène politique. Il cherche à renforcer son influence en s’adaptant aux diverses forces politiques, en fonction de ses intérêts, que ce soit par des alliances ou des retraits stratégiques au moment opportun. C’est un fin tacticien politique.
Grâce à sa machine électorale et son expertise, il est capable de faire éclater ou de contenir une majorité gouvernementale par ses diverses manœuvres. Nous nous souvenons tous d’Abbas El Fassi lorsqu’il a brandi le slogan « Amoula Noba », freinant ainsi le gouvernement d’alternance dirigé par Abderrahmane Youssoufi et préparant le terrain à un gouvernement présidé par Driss Jettou. De même, Hamid Chabat a contribué à déstabiliser le gouvernement d’Abdelilah Benkirane, favorisant le blocage politique.
Aujourd’hui, le positionnement de Nizar Baraka, secrétaire général du Parti de l’Istiqlal, semble être le prélude à une détonation interne de la majorité. Le parti cherche à créer une dynamique organisationnelle lui permettant d’obtenir des gains politiques, dans l’optique de diriger le prochain gouvernement et de jouer un rôle central. Après les perturbations qu’a connues son dernier congrès et une fois la situation interne stabilisée, l’Istiqlal tente désormais de provoquer un séisme politique.
Les déclarations de Nizar Baraka relèvent d’une stratégie bien calculée, préparant le terrain à des prises de position qui remettent en question la stabilité gouvernementale. Elles sont perçues comme une tentative de secouer l’inertie gouvernementale et de se poser en alternative. Cette situation pourrait même mener à des élections anticipées.
Ainsi, les récentes sorties du Parti de l’Istiqlal montrent qu’il joue un rôle bien ancré d’opposition au sein même de la majorité. Contrairement à ceux qui considèrent ses déclarations comme spontanées, elles s’inscrivent dans une stratégie réfléchie en vue d’accéder au pouvoir lors des prochaines échéances électorales.
Ces déclarations interviennent après la stabilisation de la situation organisationnelle au sein du parti et le début des préparatifs pour les futures élections, avec la volonté de se positionner comme une alternative face aux défis sociaux, notamment la flambée des prix. Cela permet à l’Istiqlal d’exercer une pression au sein du gouvernement pour obtenir davantage de postes et de prérogatives, tout en jonglant entre son rôle de membre de la majorité et son ambition de diriger l’exécutif. Les Istiqlaliens ont l’expérience des négociations politiques, et le tempérament de Nizar Baraka, moins conflictuel que celui de Chabat, réduit le risque d’un éclatement du gouvernement avant la fin de son mandat.