« La situation de la presse n’est pas bonne », c’est par cette formule brève et directe que Mohamed Abdelrahman Brada résume l’état préoccupant du secteur médiatique au Maroc. La presse, censée jouer un rôle de contre-pouvoir et porter la voix de la société, ploie aujourd’hui sous les pressions politiques et économiques, au point de perdre progressivement sa mission d’éclairage et de critique.
Brada a souligné une détérioration sans précédent du paysage médiatique. Les entreprises de presse font face à une crise multidimensionnelle : recul de la liberté d’expression, difficultés financières aiguës, et perte croissante de la confiance du public. Dans ces conditions, la presse peine à remplir son rôle fondamental.
Lors d’une conférence inaugurale tenue à Rabat dans le cadre d’un colloque national organisé par la Fédération des éditeurs de presse, Brada – ancien PDG du groupe de distribution Sapress – a vivement critiqué la décision du gouvernement marocain de mettre en place une commission provisoire pour la gestion du secteur de la presse et de l’édition. Il a qualifié cette initiative de « recul par rapport aux acquis réglementaires de la profession ».
Selon lui, les journalistes espéraient que le Conseil national de la presse jouerait un rôle moteur dans l’auto-régulation et la résolution des problèmes du secteur. Or, d’après Brada, le conseil est devenu « un obstacle de plus ». Il a dénoncé la prorogation du mandat des membres du conseil précédent comme étant « illégale et inconstitutionnelle », soulignant que la création de la commission provisoire va à l’encontre du principe d’auto-régulation inscrit dans la Constitution marocaine.
Brada estime que le gouvernement n’avait pas le droit de créer cette commission, insistant sur le fait que la régulation du secteur devrait être confiée aux professionnels eux-mêmes, à l’instar d’autres métiers comme l’avocature ou la médecine.
Pour rappel, la commission provisoire de gestion du secteur de la presse et de l’édition a été créée en vertu de la loi n°23.15, publiée au Bulletin Officiel le 7 septembre 2023. Elle est chargée d’administrer provisoirement le secteur dans l’attente d’une solution aux problèmes réglementaires actuels.