Les établissements scolaires se transforment en véritables arènes de combat à l’arme blanche. De plus en plus d’élèves vont en classe armés de couteaux, dissimulés sous leurs vêtements, attendant la moindre occasion pour régler leurs comptes, que ce soit entre camarades ou avec ceux qui leur transmettent le savoir, les compétences et les valeurs censées les préparer à un avenir meilleur.
L’école vit aujourd’hui un renversement alarmant de ses repères : un basculement profond des valeurs, des comportements et des normes. Ce phénomène interpelle tant les responsables politiques que les acteurs de la société civile, qui se doivent de porter un regard attentif sur ce qui se passe à l’intérieur des établissements scolaires, dans leurs cours, leurs salles de classe, et même à leurs abords.
Des spécialistes tirent la sonnette d’alarme sur la montée inquiétante de formes multiples de violence scolaire : verbale, physique, symbolique, et plus récemment, la violence numérique via les réseaux sociaux. Ces formes d’agression génèrent chez les élèves des troubles comportementaux qui affectent tous les aspects de leur vie : cognitif, psychologique et social.
La violence scolaire n’est pas née ex nihilo. Elle résulte d’un enchevêtrement complexe de mécanismes et de facteurs sociaux pathogènes, parmi lesquels les méthodes de socialisation, souvent imprégnées de contenus incitant à la violence, l’influence des drogues, ou encore certains facteurs physiologiques propres à certains élèves.
Il devient ainsi urgent de conjuguer les efforts pour assurer une éducation familiale et sociétale saine. Les ministères concernés doivent également intervenir pour combattre les comportements agressifs dans les établissements scolaires, à travers la prévention et la limitation de leur propagation.
Un rapport international a récemment classé la violence scolaire en plusieurs catégories : la punition corporelle, qui comprend l’usage de la force physique, qu’elle soit légère ou sévère, comme frapper, gifler, brûler, griffer, donner des coups de pied ou forcer un élève à adopter des postures inconfortables. Il existe aussi une violence indirecte, comme la diffusion de rumeurs ou de fausses informations sur un élève, le rendant objet de moqueries et de harcèlement.
À cela s’ajoute la violence sexuelle, qui se manifeste par des sanctions basées sur le genre, notamment les agressions physiques ou verbales dirigées contre les filles en raison de leur comportement, mais aussi le harcèlement ou la stigmatisation psychologique liée au sexe ou à des actes immoraux dont les élèves sont parfois victimes.
Le décès tragique d’une enseignante, frappée mortellement par un élève en dehors de l’école, a fini par réveiller les syndicats, qui ont décrété le deuil et organisé des sit-in de protestation. Aujourd’hui plus que jamais, syndicats, politiques, administrateurs et éducateurs doivent faire front commun contre les racines profondes de cette violence scolaire, alimentée par une multitude de facteurs.
Ne devrions-nous pas également repenser nos modes d’habitat, notamment les logements collectifs verticaux, devenus des zones urbaines dépourvues de toute qualité de vie ? Ces quartiers manquent cruellement d’infrastructures sociales, éducatives, sportives et culturelles qui, en temps normal, aident à l’épanouissement et à la formation équilibrée de l’enfant. Sans oublier l’absence quasi totale d’espaces verts, ces cités n’étant souvent que de simples blocs de béton.
Pourquoi ne pas rendre obligatoire l’aménagement d’espaces verts dans les zones de logement social ? Pourquoi ne trouve-t-on pas davantage de structures à vocation sociale, éducative, récréative ou sportive dans ces quartiers ? Autant de questions cruciales qu’il est urgent de se poser, si l’on veut réellement s’attaquer aux racines du mal.