Par Idriss Adar
Ce qui s’est passé en Syrie – l’effondrement rapide du régime du parti Baas, l’arrivée de Hay’at Tahrir al-Cham, classée comme organisation terroriste, à la tête du pouvoir, et les événements en cours qui demeurent ouverts à l’inconnu – appelle à un regard rétrospectif sur l’histoire de notre nation. Cela permet de comprendre le chemin à suivre et d’éviter de heurter ceux qui marchent derrière ou à nos côtés. Bien que nous ne puissions porter de jugement hâtif sur des événements encore en formation, nous souhaitons sincèrement au peuple syrien de réaliser son unité et ses aspirations. Cependant, l’analyse du présent à la lumière du passé est logique, surtout lorsque les prémices sont similaires, comme ce fut le cas en Irak, en Tunisie, en Égypte, en Libye, au Soudan et ailleurs.
Dans chaque pays, il y a eu une histoire différente menant à la destruction et au chaos, souvent rassemblée sous des slogans porteurs aux yeux des populations opprimées, comme le décrit Mustapha Hijazi dans La psychologie de l’opprimé. Mais à la fin de chaque histoire, il apparaît que ces slogans étaient trompeurs et que les véritables objectifs avaient été tracés dans des salles closes. Une fois l’objectif atteint, les acteurs principaux laissent les différentes factions d’un peuple s’affronter entre elles.
En jetant un coup d’œil au passé récent, prenons l’exemple de l’Irak. Le prétexte principal était le désarmement des armes de destruction massive. Ce slogan fut martelé par les médias américains et occidentaux, assimilable à une litanie religieuse, jusqu’à ce qu’il soit complètement intériorisé par une large audience. Cela a mené à l’intervention américaine. Mais après, qu’en est-il ? Un pays détruit, sans armée, sans souveraineté, sans économie, constamment menacé de guerre civile. Finalement, il a été prouvé que les armes de destruction massive n’étaient qu’un prétexte fictif pour justifier la destruction de ce pays.
Avec le printemps arabe, une révolution a été fabriquée en Tunisie. Elle a commencé par la revendication de justice pour la mort de Mohamed Bouazizi et s’est étendue à des slogans comme « Le peuple veut changer le régime ». Cependant, il a été révélé plus tard que cette révolution avait été orchestrée dans les laboratoires des services de renseignement américains et des centres de formation en Europe de l’Est. Malgré l’absence de chaos armé en Tunisie, le pays reste vulnérable à une explosion future.
En Égypte, un scénario similaire s’est déroulé. Les Frères musulmans ont accédé au pouvoir pendant une courte période, mais leur gouvernance a exaspéré les Égyptiens, déclenchant une deuxième vague du printemps arabe. Bien que cette vague ait aussi ses raisons, elle n’était pas exempte d’influences externes. L’armée, sous la direction du président Al-Sissi, est intervenue et a réussi à préserver les institutions de l’État, bien que la situation demeure tendue.
La Libye, quant à elle, a été plongée dans un chaos encore plus profond. L’OTAN est intervenu pour renverser Kadhafi, mais il est apparu que des calculs liés à la politique intérieure française avaient accéléré son assassinat. Ce dirigeant autoritaire, malgré tout, fournissait à son peuple des services qui ont aujourd’hui disparu. Non seulement la démocratie n’a pas été atteinte, mais même la capitale a été abandonnée au désordre.
Le Soudan traverse actuellement une guerre absurde dont personne ne connaît les véritables raisons, si ce n’est le conflit entre deux figures militaires puissantes. Le bilan est déjà catastrophique : 200 000 morts, des milliers de blessés, et environ 9 millions de déplacés.
Le train du printemps arabe est revenu en Syrie après une pause. Le grand slogan était « la révolution contre le dictateur », mais l’objectif réel était de redistribuer les cartes, sans se soucier du fait que le peuple syrien serait entraîné dans des conflits sanglants entre groupes terroristes. Jusqu’à présent, des scientifiques en chimie et biologie ont été assassinés, l’arsenal de l’armée syrienne a été détruit et des centres de recherche scientifique ont été rasés.
Dans ce contexte, le ministre marocain de la Justice a révélé avoir reçu des demandes de familles de Marocains présents en Syrie souhaitant faciliter leur retour au pays. Si le Maroc est effectivement une patrie pour tous ses citoyens, il est impératif d’agir dans le respect de la loi. Ceux qui sont partis en Syrie ne l’ont pas fait pour travailler, mais pour rejoindre les rangs d’organisations terroristes. C’est donc aux tribunaux et aux services spécialisés dans la lutte contre le terrorisme de statuer sur leur sort, loin de toute considération émotionnelle.