Certains marchés commencent à se révolter contre le monopole exercé par les « intermédiaires » qui provoquent la hausse des prix des denrées alimentaires. Des manifestations ont éclaté à Taza dans un marché de poissons, ainsi qu’à Ribat Al Khayr, près de Sefrou, lors d’un marché hebdomadaire, toutes dirigées contre ces spéculateurs.
En principe, c’est au gouvernement et à ses représentants dans les différentes régions qu’incombe la responsabilité d’appliquer la loi. Il aurait dû lancer une vaste campagne pour lutter contre la cherté de la vie, d’autant plus que cette hausse des prix ne semble ni naturelle ni liée aux lois de l’offre et de la demande, mais plutôt au contrôle exercé par des mafias du marché sous les yeux du gouvernement.
Le ministre du Commerce et de l’Industrie, Ryad Mezzour, a déclaré lors d’une interview télévisée que 18 personnes contrôlent le marché de la viande et sont responsables de la flambée des prix, promettant que le gouvernement prendrait des mesures pour les combattre. Cependant, ces mesures se font toujours attendre, et les prix restent inchangés. Ce n’est qu’après la décision audacieuse du roi d’annuler le rituel du sacrifice cette année, en raison de la grave diminution du cheptel, qu’on a commencé à observer une légère baisse des prix de la viande.
D’un autre côté, on peut dire que la vague de protestations comporte des aspects spontanés mais aussi d’autres orchestrés. Comment expliquer la médiatisation soudaine de l’affaire du « vendeur de poissons » ? Si ce mouvement était vraiment spontané, l’ampleur qu’il a prise et les résultats qui en ont découlé ne peuvent être considérés comme naturels, surtout après que ce vendeur ait été reçu par le wali de la région de Marrakech-Safi et qu’il ait obtenu un local dans le marché aux poissons. Il est devenu un symbole pour les vendeurs de légumes, de viande, de volaille et d’œufs, chacun espérant bénéficier d’un traitement similaire.
Comme mentionné, certaines protestations sont spontanées, tandis que d’autres sont manipulées par des parties cherchant à exploiter la crise de la cherté pour se positionner politiquement. Certaines organisations, incapables de s’intégrer dans le paysage politique, et peut-être même certains alliés d’Akhannouch, ont commencé à critiquer la majorité au pouvoir, ce qui rend la situation encore plus complexe.
La société commence à prendre conscience de ce qui se passe, une prise de conscience alimentée par les réseaux sociaux. Cela présente un risque, car ce type de mobilisation virtuelle échappe au contrôle des organisations politiques capables de le canaliser vers des revendications concrètes, comme la baisse des prix. Tant que cette prise de conscience demeure virtuelle, elle reste vulnérable aux manipulations de parties cherchant à déstabiliser le pays pour servir leurs propres intérêts.
Mais la question essentielle est la suivante : ceux qui exploitent cette prise de conscience virtuelle sont-ils réellement responsables du désordre ? Tant qu’ils en tirent profit, ils continueront à l’alimenter. La véritable responsabilité incombe au gouvernement, qui a permis la création d’un environnement propice au chaos. Si le gouvernement assumait pleinement son rôle, combattait les spéculateurs et régulait les prix pour les rendre compatibles avec le pouvoir d’achat des citoyens, personne ne trouverait l’opportunité d’attiser la confusion – une confusion qui, si elle n’est pas maîtrisée, pourrait prendre de l’ampleur comme une boule de neige.