Les révisions apportées au Code de la famille, soumises à la réflexion éclairée de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, Commandeur des Croyants, constituent une étape législative cruciale pour la société marocaine. Ces modifications, dont 18 articles ont été confiés au Conseil supérieur des Oulémas en raison de leur lien direct avec la législation islamique, visent à préserver l’unité et les valeurs fondamentales de la famille marocaine, tout en conciliant les principes de l’islam avec les valeurs universelles.
Cependant, le principal défi de ce chantier ambitieux ne réside pas uniquement dans la pertinence ou la justesse des propositions avancées, mais plutôt dans l’absence flagrante d’une communication médiatique efficace. Les médias marocains, publics et privés, ont montré leur incapacité à assumer leur rôle de relais d’information et d’analyse face à un enjeu législatif aussi déterminant.
Une bataille médiatique perdue face aux réseaux sociaux
Dans une époque dominée par les réseaux sociaux, les médias traditionnels ont laissé le terrain à des plateformes qui, bien souvent, réduisent le débat à des caricatures ou à des polémiques stériles. La réforme du Code de la famille, loin de bénéficier d’un traitement médiatique approfondi, a été reléguée à une simplification excessive sur les réseaux sociaux, contribuant ainsi à la désinformation et à la méfiance générale.
Les médias publics, financés par les contributions des citoyens, auraient dû jouer un rôle de médiateur entre les experts juridiques et le grand public. Ils avaient la responsabilité de vulgariser les amendements, de présenter les différents points de vue et d’encourager un débat constructif. Or, leur absence a laissé un vide rapidement comblé par les opinions parfois biaisées et répétitives véhiculées en ligne.
Les acteurs sociaux et les élites en retrait
Outre l’échec médiatique, on constate également une absence marquée des élites et des acteurs sociaux dans ce débat. Ces derniers, au lieu d’exercer leur influence pour éclairer l’opinion publique, ont préféré se retirer, laissant le champ libre aux discours populistes dominants.
Une opportunité manquée
En fin de compte, la réforme du Code de la famille aurait dû être l’occasion pour les médias marocains, en particulier les médias publics, de redorer leur image et de réaffirmer leur rôle central dans l’éducation citoyenne. Pourtant, leur échec à couvrir cet enjeu crucial reflète une crise de légitimité et de compétence dans le paysage médiatique national.
Seules quelques initiatives isolées de médias privés ont tenté de rééquilibrer le débat en fournissant une analyse objective et en exposant les perspectives variées, permettant ainsi d’enrichir la réflexion collective.
Une leçon pour l’avenir
Le débat autour du Code de la famille n’en est qu’à ses débuts. Si les médias veulent réellement contribuer à la construction d’une société informée et éclairée, ils doivent impérativement revoir leur stratégie de communication et assumer pleinement leur rôle de pont entre les décideurs et les citoyens. Car, comme l’a démontré ce cas, perdre la bataille de la communication, c’est risquer de compromettre l’avenir des réformes elles-mêmes.