Il y a quatre jours, le ministre de l’Industrie et du Commerce s’est adressé aux Marocains pour admettre la poursuite de la hausse des prix de la viande, sans souffler mot sur une solution possible – même minime – pour faire face à cette flambée. C’est une habitude du gouvernement Akhannouch, de son chef à chacun de ses membres : depuis son arrivée au pouvoir, il n’a proposé aucune solution pour gérer les problèmes et les crises, laissant les citoyens à leur sort.
On peut en dire autant de sa gestion de la crise des carburants liée aux prix internationaux du pétrole, de la crise de l’eau causée par le changement climatique et la rareté des précipitations, du faible rendement des fruits et légumes, ou encore de la crise de l’éducation et des grèves des enseignants qui ont failli rendre l’année scolaire blanche. Il en va de même pour la crise de la volaille et la flambée des prix du poulet de consommation, due à la hausse des prix des aliments pour bétail, à la spéculation et à l’augmentation des taxes sur l’importation et la production des poussins. Les crises sont nombreuses, et à chaque fois, le gouvernement Akhannouch tourne le dos aux citoyens, appliquant la stratégie du « laisser-faire », les abandonnant face à ces difficultés sans autre solution que la hausse des prix et l’augmentation des impôts et des taxes.
Avec le slogan « Allah Ghaleb » (Dieu en est témoin), souvent utilisé par les ministres et responsables des gouvernements successifs du Maroc indépendant, le ministre de l’Industrie et du Commerce a, sans gêne, averti les citoyens que la hausse des prix des viandes rouges et blanches se poursuivra, même pendant le mois sacré de Ramadan, où la demande augmente en raison des exigences du jeûne. Sans proposer la moindre solution ni annoncer de mesures imminentes, il a reconnu que le problème de la cherté de la viande au Maroc – notamment rouge – était « un grand défi ».
Au lieu d’exposer les mesures à prendre par ses collègues au sein du gouvernement – à commencer par le chef du gouvernement et le ministre de l’Agriculture –, il a attribué cette crise à la diminution de moitié du cheptel marocain et aux difficultés rencontrées par le gouvernement dans l’importation de bétail et de viande. Ces difficultés, selon lui, sont liées à la nature des animaux importés et aux conditions de leur transport.
Malheureusement, en tenant de tels propos, le ministre n’a rien apporté de nouveau et encore moins de solutions. Il n’a fait que rire au nez des citoyens. Les difficultés qu’il évoque sont bien réelles et ancrées dans la conscience de tous les Marocains, petits et grands. Pire encore, ces problèmes se sont aggravés sous le gouvernement auquel il appartient. Ce gouvernement Akhannouch a vu la multiplication des crises, des carburants aux transports, en passant par la viande, sans jamais trouver de solutions, se contentant de reconnaître ces problèmes et de répéter « Allah Ghaleb ».
En reconnaissant la poursuite de la flambée des prix de la viande, malgré la volonté et le pouvoir d’achat des citoyens, le ministre – et à travers lui tout le gouvernement Akhannouch – admet son échec total à protéger les Marocains contre la cherté de la vie et à leur garantir une existence digne. Cette admission d’impuissance se traduit par un désengagement de responsabilité, d’autant plus évident lorsque le ministre lie la crise de la viande au faible intérêt des consommateurs pour certaines viandes importées. Il utilise alors un langage de procrastination que les Marocains connaissent bien et dont ils sont fatigués, car il ne s’agit que de fausses promesses.
Le ministre affirme que le gouvernement Akhannouch tente de trouver toutes les solutions pour approvisionner le marché en viande à des prix abordables. Mais quelle solution pourrait-elle proposer à l’approche du Ramadan, alors que le ministre lui-même ne semble pas en avoir la moindre idée à seulement deux semaines d’un mois où la demande et la consommation explosent ? Et quelle solution pourrait offrir un gouvernement qui manque de fermeté et de courage pour combattre la spéculation et le stockage illégal, pratiques très répandues dans le secteur de la viande et du bétail ?
Jusqu’à présent, aucune solution ne se profile à l’horizon du gouvernement Akhannouch pour faire face à la flambée des prix de la viande. Seules des déclarations creuses et une fuite manifeste de responsabilités, laissant les citoyens se débrouiller seuls, comme ils l’ont fait avec la hausse des prix du poulet, des carburants, des légumes et des légumineuses, qui constituent la base alimentaire de la majorité des Marocains. Quant aux produits de la mer, autrefois accessibles, ils sont aujourd’hui hors de portée, avec des prix qui atteignent des sommets malgré l’abondance du produit. Face aux barons de la spéculation et du stockage, que nous reste-t-il sinon un retour imminent au « pain et au thé » ? Un retour qui semble inévitable sous le gouvernement Akhannouch et ses ministres, avec un risque de dégradation sociale encore plus profond.