En sociologie politique, le programme électoral est défini comme une base de « reddition de comptes au public ». Cela signifie qu’à la fin de votre mandat, les électeurs vous jugent sur les promesses que vous avez tenues. Ce jugement inclut les réalisations concrètes ainsi que les justifications des promesses non tenues. Toute action en dehors de ce cadre est considérée comme étrangère au programme électoral. C’est ce qu’on appelle les « promesses électorales ».
La promesse électorale était autrefois un pacte entre le candidat et l’électeur ; elle est devenue aujourd’hui un simple « appât à voix », comme si celui qui vote n’était pas un citoyen ?
Le chef du gouvernement actuel a obtenu beaucoup de voix grâce aux promesses électorales. Il est naturel qu’après des années difficiles, celui qui ouvre une lucarne par laquelle entre un peu de lumière soit vu comme un ange. Mais ensuite, les vents ont soufflé dans une direction contraire aux aspirations des citoyens et favorable à celles du « cartel des grands intérêts ».
Les Marocains disent : « Celui qui a été mordu par un serpent a peur d’une corde ».
Le chef du gouvernement, qui n’a respecté aucune de ses promesses précédentes, revient aujourd’hui avec de nouvelles promesses dans ce qu’il appelle le « gouvernement du Mondial ».
Les promesses que le chef du gouvernement a relancées en tant que président du Rassemblement National des Indépendants (RNI) sont astronomiques, dépassant même celles des élections ayant conduit à l’actuel mandat, notamment en ce qui concerne l’amélioration des salaires et la revalorisation du salaire minimum. Mais il y a une forme de manipulation concernant le salaire net moyen, censé dépasser les 10 000 dirhams. Laissez tomber la moyenne, et dites plutôt aux citoyens ce que vous allez réellement leur offrir ! Car une moyenne, c’est simplement une addition des extrêmes divisée par deux.
En politique, il ne s’agit pas de faire confiance à l’un ou à l’autre. La politique, c’est du calcul et de la reddition de comptes. Mais qui tient les promesses électorales pour responsables ? C’est le citoyen électeur. Certains disent que la morale n’existe pas en politique. C’est une idée trompeuse, car la morale ne se résume pas à des concepts abstraits, elle se manifeste à travers l’expérience sociale.
Aujourd’hui, on peut dire que les promesses de Aziz Akhannouch sont irréalistes et mensongères, non pas parce que nous lisons dans l’avenir, mais parce que nous avons vu ce qu’il a fait pendant tout un mandat, où il a multiplié les promesses sans en tenir une seule, à l’exception de « rééduquer les Marocains ».
Les Marocains se rappellent encore très bien qu’un dirigeant du parti majoritaire, juste avant les élections, avait déclaré : « Si le salaire de l’enseignant n’atteint pas tel ou tel montant, vous pouvez nous lapider ». Le mandat touche à sa fin et même un dixième de cette promesse n’a pas été tenu. Quand on lui a rappelé ses paroles, il a répondu : « Attendez, le mandat n’est pas encore terminé ». Comment va-t-il concrétiser cela ? Dieu seul le sait.
Lors du mandat précédent, le RNI a quitté la majorité pour exercer une opposition en fin de parcours, bien qu’il occupait des ministères clés. Lorsqu’on lui a demandé pourquoi il n’avait pas tenu ses promesses alors qu’il était dans le gouvernement, la réponse a été : « Parce que nous ne dirigions pas le gouvernement ».
Que dira aujourd’hui le parti majoritaire, alors qu’il dirige le gouvernement au point que les autres partis de la coalition se plaignent de son hégémonie et de son monopole des décisions ? Pourquoi n’a-t-il pas réalisé ses promesses maintenant qu’il est aux commandes ? A-t-il l’intention que le « gouvernement du Mondial » lui appartienne exclusivement ?