Le Maroc a récemment connu un événement marquant : le piratage de sites numériques de plusieurs ministères par des hackers prétendant appartenir à un pays ennemi.
Au même moment, le pays accueille un événement technologique d’envergure : la troisième édition du salon GITEX Africa Morocco, qui se tient à Marrakech du 14 au 16 avril, avec la participation d’environ 45 000 personnes et plus de 1 400 exposants représentant plus de 130 pays.
Lorsqu’on cherche à expliquer l’échec cuisant à faire face à des cyberattaques qui ne sont pas nécessairement très sophistiquées, cela démontre clairement que le gouvernement ne remplit pas ses obligations. En creusant davantage, on découvre que cet échec est dû à un manque de transparence et à l’absence de compétence dans l’attribution des marchés liés à la technologie.
Et quand on cherche la réussite, on trouve des institutions et des individus qui agissent non pas avec une mentalité bureaucratique, mais avec l’esprit de service envers la nation. C’est pourquoi un grand congrès technologique se tient au Maroc.
Alors, pourquoi cet étrange mariage entre réussite et échec ? Pourquoi excelle-t-on ici et échoue-t-on là-bas ? Qui tire profit de ce double visage du Maroc ? Qui sabote le rythme naturel des grands chantiers ? Qui souhaite un Maroc à deux visages ?
Cette réalité peut se résumer en une phrase : le Maroc avance à deux vitesses différentes, en termes de stratégie, de comportement, de réalisations et d’objectifs.
Ces deux vitesses ne concernent pas uniquement le cyber-piratage dont les motifs restent encore inconnus à ce jour, notamment le blocage de plusieurs sites ministériels. Un scandale qui, s’il était révélé par le gouvernement, mettrait en lumière les milliards de dirhams perdus à cause de la paralysie de nombreuses démarches administratives, devenues aujourd’hui entièrement numériques.
Pour asseoir une souveraineté numérique, il est impératif d’avoir une vision claire de la cybersécurité. Comment un pays capable d’organiser des événements internationaux de grande envergure comme GITEX Marrakech ne parvient-il pas à sécuriser ses propres sites gouvernementaux ?
Le problème n’est pas aussi complexe qu’on pourrait le penser. Il reflète simplement le décalage entre la lenteur du gouvernement et la vitesse des grands projets nationaux.
Il est désormais évident que les marchés publics ne sont pas toujours attribués de manière transparente. De la même façon qu’une polémique enfle actuellement autour de la création d’une commission d’enquête sur les aides publiques destinées à l’importation de bétail, les marchés du numérique souffrent également d’un déficit de transparence. Et comme les infrastructures routières fragiles qui s’effondrent à la première pluie, les systèmes numériques montrent leur vulnérabilité à la première tentative de piratage.
Le piratage est un phénomène mondial, certes. Mais cela ne doit pas empêcher l’ouverture d’une enquête pour comprendre les causes de ces cyberattaques contre des ministères marocains. S’agit-il d’attaques inévitables mais dont les effets auraient pu être atténués ? Ou bien est-ce le résultat d’une négligence liée à des marchés truqués conclus par les ministères dans la plupart des secteurs ?