Face à la montée inquiétante des crimes financiers, le Maroc renforce ses efforts pour combattre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Ces pratiques illégales menacent non seulement la stabilité économique mais aussi la sécurité sociale du pays, ce qui pousse les autorités à adopter une stratégie globale et proactive.
Selon les derniers rapports de l’Autorité Nationale du Renseignement Financier (ANRF), le nombre de signalements liés au blanchiment d’argent et au financement du terrorisme a connu une augmentation significative. En 2023, 5 777 déclarations de soupçons ont été enregistrées, contre seulement 1 088 en 2018.
Cette progression reflète une meilleure capacité de détection des opérations suspectes, mais aussi une complexité croissante des méthodes utilisées par les réseaux criminels.
L’ANRF a transmis 71 dossiers aux autorités judiciaires dans des villes clés comme Rabat, Casablanca, Fès et Marrakech. Parmi ces affaires, 38 % impliquaient des falsifications de documents, tandis qu’un pourcentage équivalent concernait des fraudes.
De nouvelles formes de blanchiment, comme les paris sportifs et l’utilisation des crypto-monnaies, ont également été identifiées, ajoutant une couche de défi pour les enquêteurs.
Pour répondre à ces menaces, le Maroc a révisé en 2021 sa loi n° 43-05 sur la lutte contre le blanchiment d’argent.
Ces modifications ont permis d’élargir les compétences des enquêteurs, d’alourdir les sanctions et de renforcer la coopération entre les différents acteurs, notamment l’ANRF, les banques et les forces de l’ordre.
En parallèle, des formations spécifiques ont été organisées pour les magistrats et les enquêteurs afin de mieux comprendre les techniques sophistiquées employées par les criminels financiers.
Ces efforts ont conduit à des saisies importantes de biens mal acquis, allant de propriétés luxueuses à des comptes bancaires bien garnis.
Malgré les progrès réalisés, certains défis demeurent. L’économie informelle, qui représente une part importante de l’activité économique au Maroc, constitue un terrain propice aux activités de blanchiment. De plus, les organisations terroristes exploitent les failles des systèmes financiers, notamment via les crypto-monnaies et les transferts transfrontaliers non réglementés.
Avec ces mesures, le Maroc vise non seulement à protéger son économie mais aussi à renforcer la confiance des investisseurs et à consolider son image sur la scène internationale. Bien que la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme reste un défi de taille, les efforts continus et la volonté des autorités marocaines montrent que cette bataille est loin d’être perdue.