Le gouvernement n’a désormais plus aucun échappatoire face aux critiques. Plusieurs rapports émanant d’institutions diverses ont mis l’exécutif sous les projecteurs. Le Conseil économique, social et environnemental, le Haut-Commissariat au Plan, l’Instance nationale de probité et de lutte contre la corruption, entre autres, et aujourd’hui, le rapport annuel du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) qui classe le Maroc à la 120e place mondiale en matière d’indice de développement humain.
Malheureusement, ce classement intervient après les années de crise, notamment après la pandémie de Covid-19, ce qui signifie que le Maroc ne dispose d’aucun programme gouvernemental pour orchestrer une véritable relance. Aucune reprise n’a été enregistrée après la pandémie, dont les séquelles continuent d’affecter le niveau de vie, les prix et le rythme du développement.
L’indice précité repose sur trois piliers : l’éducation, la santé et le revenu. Trois domaines dans lesquels le gouvernement a échoué à atteindre un niveau moyen reconnu à l’échelle internationale. Ce classement place le Maroc face à des défis majeurs à l’heure où le monde accélère sa transition numérique et l’intégration de l’intelligence artificielle dans des secteurs vitaux.
L’analyse du rapport révèle que le Maroc se trouve aujourd’hui à un tournant stratégique, où il devient impératif de prendre des décisions claires afin de mettre les capacités technologiques au service du développement humain, et non comme une fin en soi. Le rapport n’a pas dissimulé l’un des défis fondamentaux que rencontre le pays : la faiblesse des bases de données sanitaires et le manque d’accès à des informations démographiques et médicales organisées et exhaustives, ce qui entrave le développement de modèles d’IA efficaces dans le secteur de la santé.
L’élargissement du fossé entre les pays quant à leur capacité à utiliser les données pour une prise de décision fondée sur des preuves constitue un véritable obstacle. Cela nécessite de développer un cadre légal et réglementaire pour protéger et gérer les données, tout en investissant dans les systèmes d’information sanitaire et en comblant les lacunes techniques et administratives dans la collecte et le traitement des données.
Le gouvernement écoutera-t-il ce rapport ? Mettra-t-il en œuvre ses recommandations et ses appels ? Le rapport appelle clairement à adopter des politiques inclusives et équitables à l’ère de l’intelligence artificielle, fondées sur l’implication de la société civile, des parties prenantes et des décideurs, afin de garantir l’adéquation des technologies aux besoins réels des citoyens. Il insiste également sur l’importance d’intégrer les dimensions éthique et juridique dans la conception des algorithmes, de mettre en place des mécanismes de responsabilité dans les domaines de l’éducation et de la santé, et de renforcer la protection sociale en incluant les infrastructures numériques, garantissant ainsi une répartition équitable des bénéfices technologiques et réduisant les inégalités existantes.
Trois indicateurs dans lesquels le gouvernement doit progresser, faute de quoi le Maroc continuera à stagner dans les bas-fonds des classements, alors que d’autres nations, parfois moins bien loties auparavant, s’empressent d’acquérir les compétences clés du progrès.
Changer la situation dans cet indice n’est pas une mission impossible. Mais cela exige une volonté gouvernementale ferme pour remettre le train du développement sur ses rails. Or, les faits montrent qu’à ce jour, le gouvernement ne semble nullement préoccupé par la question du développement, qu’il réduit à une amélioration des capacités du « lobby des grands intérêts », sans réel impact sur la société, et par conséquent, sans incidence sur les indicateurs nationaux.