Chaque mois, un rapport est publié sur le coût des carburants, ce qui permet de connaître le prix réel auquel devraient être vendus le gasoil, l’essence et les autres dérivés. Cependant, ce prix réel est totalement différent du prix pratiqué. Entre la réalité et la vérité, il existe une large marge de manœuvre, où s’opèrent des profits exorbitants. De nombreuses voix se sont élevées pour réclamer une régulation, voire un plafonnement de ces marges qui deviennent insoutenables. Elles sont à l’origine de nombreuses crises au Maroc, en tête desquelles la flambée des prix des denrées alimentaires que nous subissons depuis l’arrivée au pouvoir du gouvernement dirigé par Aziz Akhannouch.
Ces rapports révèlent un écart de trois à quatre dirhams entre le prix réel et le prix affiché chaque mois. Un écart énorme qui ne peut être qualifié autrement qu’une volonté d’enrichissement abusif, aux dépens du pouvoir d’achat des Marocains et, pire encore, de la stabilité du pays. En effet, ce gouvernement, de par son inaction, alimente la colère sociale. Bien que le chaos qui s’installe semble spontané, la responsabilité en incombe pleinement au gouvernement.
La hausse des prix des carburants et l’attitude passive du gouvernement face à cette flambée risquent d’avoir de lourdes conséquences. Dire qu’il reste passif est une manière clémente de présenter les faits, car en réalité, il est complice de ce « rassemblement des grands intérêts ». Les répercussions de l’augmentation des prix du carburant sont graves car elles touchent toute l’économie. Aucune transaction économique n’échappe à la logistique, qui dépend directement des prix des carburants. Une augmentation de ces derniers entraîne inévitablement une hausse générale des prix des produits de consommation.
Le problème est d’autant plus préoccupant que les régions dites « marginales » souffrent davantage que les régions économiquement dynamiques. Ici, la richesse est définie par la présence d’outils de production et non par une répartition équitable des ressources. Les régions en périphérie, dépourvues d’infrastructures de production, subissent de plein fouet le coût élevé du transport des marchandises, y compris celui des carburants, ce qui accentue la hausse des prix.
Ce que l’on attend du gouvernement, ce ne sont pas des justifications répétées des hausses de prix – comme le fait son porte-parole chaque semaine –, mais des mesures concrètes pour freiner cette flambée. Ce n’est pas seulement le pouvoir d’achat des citoyens qui est en jeu, mais aussi leur sécurité. C’est souvent dans les marges que le chaos éclate. L’incident survenu dans le marché hebdomadaire d’Ahromou, où des clients se sont rebellés contre les commerçants, détruisant des marchandises et blessant plusieurs personnes, est un avertissement sérieux.
Dans les pays où le gouvernement se respecte, chaque incident, quel qu’il soit, est une leçon à retenir. L’erreur n’est pas d’avoir mal géré une situation, mais de rester impassible alors que le pays est en ébullition. Il est encore temps pour ce gouvernement de rectifier le tir. Par respect pour ce pays, qui a toujours été synonyme de sécurité et de stabilité, il est urgent de prendre des mesures pour éviter le chaos.