Le rôle de l’opposition est d’être une force de proposition et un œil vigilant sur les pratiques du gouvernement, en exerçant un contrôle sur l’action gouvernementale et en révélant les dysfonctionnements. Il n’y a rien de répréhensible dans cela, c’est même sa mission. L’opposition n’a pas à applaudir les actions du gouvernement, ce dernier disposant déjà d’un nombre suffisant de partisans, surtout après avoir réduit la majorité à de simples chiffres, plutôt qu’à une force humaine capable de débattre, d’améliorer les lois et d’exercer un véritable contrôle sur l’action gouvernementale.
C’est dans cette perspective qu’il faut comprendre les interventions de Mohamed Nabil Benabdallah, secrétaire général du Parti du progrès et du socialisme (PPS), qui peut être considéré comme la voix d’une opposition ayant maintenu un certain équilibre depuis sa sortie du gouvernement. Il est resté cohérent avec sa position politique, et il suffit de rappeler qu’après sa rencontre avec Aziz Akhannouch, lorsqu’il venait d’être nommé chef du gouvernement, il avait déclaré à la presse qu’il s’agissait simplement d’un échange de points de vue et qu’une participation du parti au gouvernement n’était pas envisagée.
Aujourd’hui, lors d’une intervention sur une chaîne publique, il affirme que le gouvernement entretient des relations de complaisance avec les lobbies du monopole et la corruption. Plus important encore, il souligne que son parti ne prétend pas être une alternative pour diriger le gouvernement. Ainsi, ses critiques servent d’alerte pour prévenir une catastrophe imminente qui pourrait tout ravager, et il considère qu’il est de la responsabilité des partis politiques de mettre en garde le gouvernement, les organisations et la société civile contre les dangers potentiels.
Depuis l’investiture de ce gouvernement, nous avons signalé la présence d’un déséquilibre dans sa composition. Ce gouvernement est issu d’une majorité dont l’objectif principal n’était pas de former un exécutif efficace, mais d’anéantir l’opposition. Akhannouch a réuni trois partis détenant les trois quarts des sièges parlementaires, laissant l’opposition affaiblie et fragmentée entre des partis en reconstruction, comme le Parti de la justice et du développement (PJD), qui est passé de 127 à seulement 13 sièges. De plus, ce gouvernement représente principalement les « grands intérêts économiques ».
Même après son remaniement, ce gouvernement est resté fidèle à son approche initiale, offrant des privilèges et des avantages aux grands groupes d’intérêts économiques. C’est pourquoi Nabil Benabdallah a vu juste en affirmant qu’il s’agit d’un gouvernement qui s’est accommodé aux lobbies du monopole, lesquels étouffent le pays et mettent en péril le pouvoir d’achat des Marocains en étant responsables de la flambée des prix.
La connivence du gouvernement avec les lobbies du monopole et la domination de la corruption au sein de l’administration ont créé une alliance cupide dont l’objectif est d’engranger des profits avant la fin du mandat, tandis que le pouvoir d’achat des citoyens s’effondre. Ces lobbies ne cherchent qu’à s’enrichir, comme en témoigne un rapport publié par certains journaux espagnols, révélant que les exportations de céréales du Maroc vers l’Espagne ont été multipliées par sept, un fait alarmant alors que le Maroc souffre d’une sécheresse sévère.
Qualifier ce gouvernement de complice des lobbies du monopole et de la corruption est le minimum de l’engagement moral que les forces politiques d’opposition doivent avoir envers les électeurs, et plus largement envers le peuple marocain.