On raconte qu’il existe un droit appelé « droit à l’information », mais il vit dans l’ombre, invisible aux yeux du grand public, connu seulement par quelques privilégiés. Chaque fois que quelqu’un le cherche, on lui répond : « Il vient de passer par ici », ou bien « Vous le trouverez dans le Bulletin Officiel », ce document énigmatique qu’il faut décrypter à l’aide d’une boussole et d’une carte au trésor.
Au Maroc, nous avons une loi qui garantit le droit d’accès à l’information, mais elle ressemble beaucoup à ces panneaux « Interdit de passer », alors que tout le monde traverse sans se soucier. Vous voulez une information ? Très bien, remplissez un formulaire, attendez 20 jours et, avec un peu de chance, vous recevrez une réponse vague, truffée de formules floues comme « dans le cadre des orientations », ou « dans le cadre de la mise en œuvre des grandes stratégies », sans vraiment comprendre ce qui se passe.
Et si vous êtes journaliste ou chercheur, félicitations ! Vous vous engagez dans un parcours du combattant. Vous demandez un chiffre sur le budget ? « Les données ne sont pas disponibles pour le moment. » Vous interrogez sur des marchés publics ? « C’est un secret d’État ! » Même la météo pourrait devenir une information sensible, accessible uniquement avec une autorisation spéciale d’un « comité secret inconnu de tous ».
Mais ne vous inquiétez pas, il existe une source d’information infaillible : les cafés populaires. Là-bas, vous entendrez des analyses précises sur tout, de l’économie à la politique, voire même des « secrets d’État » que les ministres eux-mêmes ignorent ! Ironiquement, certaines informations nécessitant une autorisation officielle peuvent être obtenues plus facilement auprès d’un vendeur de fèves ou dans un petit taxi.
La solution ? Très simple ! Si vous avez besoin d’une information au Maroc, suivez la méthode traditionnelle : trouvez « un ami qui connaît un ami qui a un contact dans un ministère », ou bien attendez les fuites sur WhatsApp et Facebook – elles sont bien plus rapides que n’importe quelle procédure administrative ! Ainsi, le droit à l’information ressemble à une oasis dans le désert : il paraît proche, mais s’éloigne à mesure que l’on tente de l’atteindre.
En théorie, le Maroc dispose bien d’une loi garantissant l’accès à l’information : la loi 31.13, entrée en vigueur en 2019, obligeant les administrations et institutions publiques à fournir aux citoyens les informations qu’elles détiennent. Mais en pratique ? C’est là que commence la vraie histoire !
Obtenir une information au Maroc revient à chercher une aiguille dans une botte de foin. Il faut suivre une longue procédure : déposer une demande écrite, attendre au moins 20 jours, et espérer une réponse. Dans le meilleur des cas, vous recevrez une information partielle. Dans le pire des cas, on vous demandera de « justifier votre besoin d’information », on vous dira que l’information est « indisponible », ou tout simplement, on vous ignorera.
De plus, comme la loi exclut de nombreuses informations liées à la politique étrangère, à la défense et à la vie privée, la plupart des données sensibles restent un secret bien gardé.
Quant aux journalistes et chercheurs, leur combat est encore plus difficile ! Beaucoup d’administrations préfèrent le silence et l’opacité à la transparence, les forçant à chercher ailleurs : via des contacts personnels ou des « fuites » non officielles.
Alors, y a-t-il un droit d’accès à l’information au Maroc ? Oui, mais c’est comme une porte sur laquelle est écrit « Ouvert », alors qu’elle est verrouillée de l’intérieur…