Le consommateur se perd en parcourant les marchés de la viande, du poisson, des fruits et des légumes, face à un chaos des prix qui le déroute. Ces prix ne sont pas unifiés, bien que les produits soient les mêmes, au point que certains consommateurs doutent de la qualité des marchandises proposées. Par exemple, dans le secteur de la viande, les prix varient d’un quartier à l’autre, d’un boucher à l’autre, et même d’une ville à l’autre. Cette situation soulève une question évidente : pourquoi les prix restent-ils élevés malgré la décision de ne pas sacrifier l’agneau pour l’Aïd cette année – une mesure qui a eu un impact direct sur les marchés du bétail, des bovins, des chameaux et des chèvres – et qui aurait normalement dû entraîner une baisse des prix de la viande ?
En se promenant dans les boucheries, on constate que certains bouchers affichent le prix de la viande rouge à 74 dirhams le kilogramme sur des panneaux bien visibles, tandis que d’autres fixent ce prix à 84 dirhams. Certains préfèrent ne pas afficher de prix, et lorsqu’on les interroge, ils annoncent 90 dirhams le kilogramme.
Dans plusieurs villes marocaines, certaines boucheries ont suivi la tendance en réduisant les prix des différentes viandes rouges, tandis que d’autres maintiennent les tarifs des semaines précédentes. Cette situation crée une réalité « incompréhensible » pour les consommateurs, les poussant à douter de la qualité ou de l’origine des viandes, même si des documents détaillant l’origine, le poids et la race des animaux sont parfois exposés.
À titre d’exemple, certains bouchers vendent de la viande d’agneau à 50 dirhams le kilogramme, tandis que d’autres la proposent à plus de 120 dirhams. Lorsqu’on leur demande les raisons de cet écart, certains évoquent des arguments dégoûtants et alarmants sur la qualité des viandes importées, qu’il s’agisse de viandes congelées, d’agneaux ou de bovins, donnant ainsi une image négative de ces produits.
Les prix restent incontrôlés et incohérents par rapport aux informations diffusées sur les réseaux sociaux. Plus étrange encore, certains détaillants dans les marchés populaires exercent des pressions sur d’autres pour qu’ils ne baissent pas leurs prix. Dans un de ces marchés, un vendeur de poisson au détail, qui affichait des prix réduits en les annonçant à haute voix, a été empêché de continuer à vendre à bas prix par d’autres commerçants.
Dans un marché populaire près de la ville de Sefrou, des protestations massives ont éclaté contre le contrôle des prix de la sardine, fixés à 25 dirhams le kilogramme. La situation a dégénéré en destruction et renversement des caisses de poisson. Sans l’intervention divine, ce chaos aurait pu se transformer en un désordre encore plus grave.
Le chaos des prix persistera en raison du vide législatif, d’autant plus que les comités de contrôle ne peuvent pas obliger les professionnels à réduire les prix. La loi sur la liberté des prix et de la concurrence n’autorise une intervention qu’en cas de situations extrêmes et spécifiques. Il appartient donc au gouvernement d’agir rapidement.
La situation actuelle pousse certains commerçants à augmenter leurs marges de profit en exploitant le mot « cherté », ancré dans l’esprit des consommateurs marocains, convaincus que tout est devenu cher. Pourtant, les prix de nombreux produits de consommation fluctuent en fonction du marché, sans suivre une tendance stable.