Dix ans se sont écoulés depuis la création du Bureau Central d’Investigations Judiciaires (BCIJ), relevant de la Direction Générale de la Surveillance du Territoire (DGST). Sa création a marqué un tournant majeur dans le travail des services de renseignement marocains et de l’appareil sécuritaire chargé de la lutte contre le terrorisme, le crime organisé et transnational. Cette initiative est née dans un contexte mondial en mutation, où la menace terroriste est devenue un défi commun à tous.
En 2014, le Maroc a entrepris des réformes importantes dans sa législation anti-terroriste, visant notamment le suivi des terroristes marocains impliqués dans des zones de conflit. Ce type d’activité a été criminalisé par la nouvelle loi. Toutefois, il était essentiel de libérer le mécanisme de lutte contre le terrorisme des entraves juridiques qui ralentissaient l’efficacité des interventions. C’est dans cette optique que la création du BCIJ a constitué un tournant décisif.
Le Bureau Central d’Investigations Judiciaires est devenu un acteur clé dans la lutte contre les groupes terroristes, notamment après que les officiers de la DGST ont obtenu la qualité d’officiers de police judiciaire, un statut qu’ils ne possédaient pas auparavant et qui limitait la rapidité des opérations. Le Maroc a ainsi opté pour une approche qui combine la lutte contre le crime terroriste et le respect total des principes des droits de l’homme. Par conséquent, toutes les arrestations sont effectuées sous la supervision du parquet compétent.
Le Maroc a tiré d’importants bénéfices de cette approche, grâce à deux avancées majeures :
1. Une accélération du traitement des dossiers : Les procédures ne passent plus par plusieurs institutions avant d’être finalisées et soumises au procureur général du Roi.
2. Une amélioration de l’image du pays : Le Maroc, qui a souvent été la cible de campagnes de désinformation et de tentatives de déstabilisation, a réussi à transformer la perception de la DGST. Cette dernière n’est plus considérée comme un organe répressif, mais comme une institution légale opérant dans le cadre des lois établies par le législateur marocain pour garantir la sécurité et la stabilité. Désormais, la DGST et le BCIJ sont perçus comme des institutions respectant des normes juridiques strictes.
Aujourd’hui, après dix ans d’existence, le temps est venu d’évaluer cette expérience qui a permis au Maroc de franchir un cap dans la lutte contre le terrorisme, le crime organisé, la criminalité transnationale, ainsi que les réseaux internationaux de trafic de drogue et de traite des êtres humains.
L’expérience a démontré que la lutte contre le terrorisme, qui est l’axe central du travail de cette institution, a connu une évolution non seulement sur le plan des mécanismes juridiques, mais aussi en matière d’outils d’intervention. Le Maroc a ainsi acquis une expertise significative dans le domaine du suivi et du renseignement, ce qui en fait un acteur de premier plan au niveau international. Il fournit à ses homologues étrangers des informations cruciales permettant de neutraliser des menaces terroristes, comme ce fut récemment le cas avec l’Espagne, ou encore avec l’affaire du soldat américain qui projetait un attentat majeur contre des militaires.
De plus, le Maroc a développé des méthodes avancées pour le démantèlement des cellules terroristes, en mettant l’accent sur la sécurité des forces de l’ordre et celle des citoyens lors des interventions.