Nous ne sommes plus face à des cellules terroristes isolées, mais face à un projet d’organisation que des services de renseignement vigilants ont réussi à déceler avant qu’il ne se structure complètement et ne passe à l’exécution de ses crimes.
Douter de l’existence du terrorisme fait partie du « djihad de la parole », selon un responsable sécuritaire, dont l’objectif est de décourager les efforts visant à lutter contre ce fléau. Cette attitude est étroitement liée à « l’apologie du terrorisme », qui est punie par la loi depuis sa modification en 2014. Cette réforme vise non seulement les combattants revenant des zones de conflit, mais aussi toute forme d’encouragement ou de glorification des actes terroristes.
Les révélations des responsables de la sécurité sont d’une gravité extrême et doivent être prises au sérieux. Ce qui a été rendu public – et qui ne représente qu’une partie de ce qui a été découvert – suffit à montrer que les organisations terroristes ont franchi un nouveau cap dans leur relation avec le Maroc. Elles sont passées d’un mode opératoire basé sur des cellules isolées ou des « loups solitaires » recevant des instructions de l’étranger, à la formation d’une branche affiliée à l’organisation « Daech Sahel ».
Que signifie ce passage d’un modèle de cellules dispersées à une « auto-organisation » des opérations terroristes ?
Toute personne ayant suivi l’évolution des organisations terroristes en Afghanistan, en Irak, en Syrie ou dans d’autres zones de tension sait qu’une branche ne dépend pas entièrement de l’organisation mère. Accepter l’allégeance au chef de l’organisation implique une certaine autonomie dans l’action locale, sauf dans les affaires nécessitant une coordination directe. Parfois, l’organisation centrale accorde même une indépendance totale à ses branches, comme l’a fait Ayman al-Zawahiri avec le Front al-Nosra, autrefois affilié à Al-Qaïda.
Le passage d’un mode de fonctionnement basé sur des cellules indépendantes à la création d’une branche signifie une organisation plus structurée, un approvisionnement en armes plus systématique et une coordination accrue. Cette évolution complique les opérations des forces de sécurité en raison de la hiérarchie établie au sein du groupe. Dans ce contexte, l’intervention du Bureau Central d’Investigations Judiciaires (BCIJ), relevant de la Direction Générale de la Surveillance du Territoire (DGST), est d’autant plus remarquable. Il a réussi à démanteler ce réseau avant qu’il ne prenne forme et ne mette à exécution ses plans destructeurs.
Le Maroc a payé le prix de ses choix en matière de lutte contre le terrorisme, mais le temps a prouvé la justesse de sa stratégie à l’échelle nationale et internationale. Sa capacité à entraver les réseaux terroristes au Moyen-Orient et en Afrique en fait une cible privilégiée pour les représailles. Toutefois, le Maroc reste vigilant face aux menaces terroristes et possède une expertise approfondie sur ces organisations, leurs stratégies et leurs mutations.
Le travail des services antiterroristes ne peut être pleinement apprécié que par ceux qui ont vécu l’horreur des attentats, semant la peur et la terreur dans la population. Cela appelle à rejeter tout discours de doute et à reconnaître que ce « djihad de la parole » n’est rien d’autre qu’une forme d’apologiedu terrorisme.