Les Marocains célébreront l’Aïd al-Adha lors du premier week-end de juin prochain, sans procéder au sacrifice rituel des bêtes, en réponse à une décision royale prise dans un contexte exceptionnel. Une décision empreinte de sagesse, dans laquelle le Commandeur des Croyants, Sa Majesté le Roi Mohammed VI, a tenu compte des répercussions économiques et climatiques actuelles. Le consensus religieux, économique et social met en avant que cette initiative reflète le sens aigu de la responsabilité sociale du Souverain, soucieux d’alléger le fardeau pesant sur les citoyens sans pour autant porter atteinte à l’essence même de cette pratique religieuse, profondément ancrée dans le cœur des fidèles.
À cette occasion, le discours royal adressé aux Marocains à propos de l’annulation du rituel sacrificiel a véhiculé des messages profonds. Au-delà de la levée de la gêne financière liée à l’inflation, aux effets du changement climatique et à la pénurie du cheptel, le Roi a réaffirmé l’importance de la célébration de cette fête bénie dans le respect de ses rituels spirituels. Il a ainsi mis en lumière les nobles dimensions de l’Aïd : la prière dans les mosquées et les lieux de prière, la charité, les liens familiaux, ainsi que les expressions de gratitude envers Dieu et la quête de Sa récompense.
L’analyse de ces messages, empreints d’humanité et de rationalité économique et sociale, révèle un consensus parmi les savants : le sacrifice n’est pas une condition pour obtenir la récompense divine. Le croyant peut, par d’autres actes de piété et de bonté, atteindre un haut degré de proximité avec Dieu. Le véritable esprit de l’Aïd réside dans sa profondeur spirituelle, fondée sur la sincérité et la piété, bien au-delà des aspects formels.
Parmi les enseignements de cette décision royale figure une fidélité aux caractéristiques fondamentales de la Charia, faite de souplesse, de miséricorde et de bienveillance à l’égard des gens. Elle répond aussi à de multiples intérêts, tant individuels que collectifs. Au premier rang de ces intérêts : la préservation de la sécurité alimentaire, le développement durable à travers la sauvegarde du cheptel national, ainsi que la dignité des familles modestes confrontées à des engagements financiers croissants dans un contexte de flambée des prix induite par l’inflation et les turbulences économiques mondiales.
Certes, le rituel du sacrifice est un acte de grande dévotion par lequel le croyant cherche à se rapprocher de son Seigneur. Toutefois, les finalités de l’Aïd sont multiples et furent clairement évoquées par le Roi, notamment à travers les dimensions spirituelles et symboliques de cette journée. Ces finalités ne se limitent pas au sacrifice, mais englobent toutes les œuvres vertueuses qui bénéficient à autrui et plaisent à Dieu. Car Dieu a institué plusieurs pratiques pieuses pour le jour de l’Aïd, et le Prophète (paix et salut sur lui) a recommandé nombre de sounans pour marquer cette journée sacrée.
Ainsi, la fête peut être vécue même sans l’abattage rituel. La haute sagesse qui émane de cette décision royale est un ijtihad (interprétation) éclairé de la part de Sa Majesté le Roi, Commandeur des Croyants, dans l’intérêt du peuple et de la nation, tant sur le plan social qu’économique, sans négliger l’intérêt humain. C’est un effort noble qui réaffirme l’importance de vivre l’Aïd dans sa plénitude : par la prière, les retrouvailles familiales, les actes de charité, la fraternité et la joie partagée. Des manifestations spirituelles essentielles qui ne sont nullement suspendues par l’annulation du sacrifice, laquelle vise en définitive le bien commun des citoyens.