Dans une salle d’audience tendue de la ville de Témara, l’horloge venait de marquer la fin d’un chapitre qui a fait couler beaucoup d’encre. Le tribunal de première instance a prononcé, jeudi soir, son jugement dans ce que les médias et les réseaux sociaux ont surnommé « l’affaire de la gifle de Témara ».
Au centre de ce tumulte : Chaïmae, une jeune femme devenue malgré elle le symbole d’un affrontement entre individu et autorité. Deux ans de prison ferme. C’est la peine à laquelle elle a été condamnée pour « outrage et violence contre un fonctionnaire public dans l’exercice de ses fonctions ».
À ses côtés, son époux, condamné à un an ferme, ainsi que deux autres accusés — dont le frère du mari — qui écopent chacun de six mois de prison. Des peines qui tombent comme un couperet sur des familles réunies dans le silence pesant de la salle d’audience.
Un geste, une vidéo… une tempête
Tout a commencé par un geste, une altercation, puis une vidéo. En quelques heures, les images faisaient le tour du pays. Une femme giflant un caïd — un haut responsable local — dans un échange tendu. L’émotion publique a été immédiate, les réactions vives, les interprétations multiples.
Certains y ont vu un acte de rébellion inacceptable, d’autres une explosion de colère face à un système perçu comme oppressant. Entre ces deux visions, la justice a tranché.
Pas de rébellion, mais une sanction ferme
La cour n’a finalement pas retenu l’accusation de rébellion contre les quatre prévenus. Toutefois, l’accusation d’outrage et de violence a suffi à alourdir les peines. Le mari de Chaïmae a également été condamné à verser une amende de 7 000 dirhams au profit d’un membre des forces auxiliaires impliqué dans l’incident.
Pendant ce temps, la préfecture de Skhirat-Témara, représentant le ministère de l’Intérieur, a choisi de se retirer de la plainte, ne réclamant qu’un dirham symbolique. Un geste à la fois fort et énigmatique.
L’émotion des familles, l’écho d’un pays
Dans la salle, les familles ont écouté en silence, les traits tirés par l’attente et l’angoisse. Les débats ont duré toute l’après-midi, marqués par de longues plaidoiries, des tentatives de contextualisation, des appels à la clémence.
Mais au-delà des murs du tribunal, c’est tout un pays qui s’est interrogé : que révèle cette affaire de notre rapport à l’autorité ? À la colère sociale ? Aux réseaux sociaux qui transforment chaque fait divers en affaire nationale ?
Le dossier reste ouvert… dans les consciences
Les condamnés disposent de dix jours pour faire appel. L’histoire judiciaire n’est donc pas tout à fait close. Mais l’affaire, elle, est déjà inscrite dans l’imaginaire collectif : celle d’un simple geste qui a ouvert un débat bien plus grand que lui.