Par Sidi Esbaï
Le dossier du Sahara connaît un élan diplomatique et politique international croissant, notamment avec l’émergence et la circulation du concept d’ »autonomie véritable » en tant que solution réaliste pour résoudre ce conflit.
Dans ce contexte, cette proposition a été particulièrement mise en avant durant la présidence de Donald Trump aux États-Unis, où une vision internationale, soutenue par Washington, semblait adopter cette option comme solution pratique et réaliste. Cette orientation a trouvé un écho favorable auprès d’autres puissances régionales et internationales concernées par le conflit, telles que la France et l’Espagne, traduisant une prise de conscience internationale croissante de la nécessité de sortir de l’impasse prolongée.
Ce qui attire également l’attention dans ce contexte, c’est le changement relatif dans le discours de l’Algérie et du Front Polisario. Après des années d’attachement à l’option du référendum conduisant à l’indépendance comme unique solution, on constate une reconnaissance implicite, même partielle, de la possibilité d’intégrer l’autonomie parmi les propositions de règlement du conflit. Ce changement, bien que prudent, peut être perçu comme une réponse aux pressions internationales croissantes et à l’évolution de la réalité sur le terrain, ainsi qu’à la menace de voir le Polisario inscrit sur la liste des mouvements et organisations terroristes.
Sur le plan interne marocain, le Conseil Royal Consultatif pour les Affaires Sahariennes (CORCAS), présidé par Khalihenna Ould Errachid, émerge comme un acteur clé. Une opinion largement partagée considère que ce conseil, composé de cheikhs, notables et élus sahraouis, est la structure la plus légitime pour défendre la proposition d’autonomie et en fournir une vision claire et détaillée du concept d’ »autonomie véritable ».
Il convient naturellement de s’éloigner des lectures étroites à travers lesquelles certains cherchent à régler des comptes personnels avec la famille Ould Errachid. En parallèle, des voix s’élèvent pour demander une restructuration du conseil et une activation plus large de son rôle afin d’accompagner la nouvelle dynamique que connaît ce dossier.
Dans ce cadre, une question s’impose : dans quelle mesure le retour de Khalihenna Ould Errachid sur le terrain politique pourrait-il représenter un atout, en mettant à profit sa longue expérience et ses vastes relations, pour jouer un rôle plus global dans la phase à venir ?
Par ailleurs, une nouvelle structure politique apparaît sur la scène : le mouvement « Sahraouis pour la paix », dirigé par Hach Ahmed Barikalla. En peu de temps, ce mouvement a réussi à se faire une place importante à l’échelle internationale et à obtenir une reconnaissance auprès de nombreuses organisations et institutions internationales. L’ascension de ce mouvement exprime la voix de Sahraouis en quête de solutions réalistes et pacifiques au conflit, convaincus de la nécessité de dépasser les divisions et la dispersion.
L’essor croissant que connaît le dossier du Sahara, tant au niveau international qu’interne, soulève une question importante : sommes-nous réellement proches d’un règlement définitif à une question qui résiste à toute solution depuis des décennies ?
Les récents développements, de l’adoption du choix de l’autonomie par des puissances internationales au changement relatif du discours des autres parties, en passant par la dynamique interne dans les provinces du Sud, sont autant d’indicateurs positifs. Toutefois, il serait imprudent d’ignorer les complexités et les défis toujours présents.
La résolution définitive exige la conjugaison des efforts de toutes les parties concernées, des concessions réciproques et un engagement dans un dialogue sérieux et constructif, d’autant plus que la souffrance des Sahraouis face à la division, à la dispersion et aux conséquences d’un conflit prolongé exige aujourd’hui plus que jamais de privilégier la logique de paix et de réconciliation, et de rechercher des solutions durables garantissant un avenir meilleur pour tous.
En somme, on peut dire que le dossier du Sahara traverse une phase cruciale qui requiert vigilance, sagesse et capacité à saisir les opportunités disponibles, pour transformer cet élan en solution finale, mettant fin à des décennies de conflit et ouvrant une nouvelle ère de coopération et de développement dans la région.