Depuis 2015, le Maroc fait face à un déficit pluviométrique persistant, mettant en lumière la fragilité de son secteur agricole, qui reste vulnérable aux effets du changement climatique. Ce phénomène, accompagné de sécheresses récurrentes, soulève de nombreuses questions sur la capacité du pays à maintenir des cultures durables dans un contexte de pénurie d’eau.
En dépit des efforts réalisés pour moderniser l’agriculture, notamment à travers le Plan Maroc Vert et la Stratégie Génération Green, le Maroc demeure largement tributaire des aléas climatiques et des perturbations des chaînes d’approvisionnement internationales. Najib Layachi, expert en agroalimentaire, met en lumière cette dépendance qui pèse sur l’économie du pays. Selon lui, les sécheresses fréquentes et la dégradation des terres agricoles ont entraîné une augmentation des importations de produits essentiels, tels que le blé et les huiles végétales, compromettant ainsi la sécurité alimentaire nationale.
Ce constat a été soulevé lors du séminaire organisé par le Forum Atlas pour le Développement Agricole et Rural Durable (FADARD), où le thème central était « Les contours de la souveraineté alimentaire au Maroc face au changement climatique et du bouleversement du marché international ».
L’expert souligne que les importations massives ont exacerbé la vulnérabilité économique du Maroc, particulièrement en 2023. Les perturbations dans les chaînes d’approvisionnement et les coûts croissants des denrées de base ont accentué les interrogations sur la capacité du pays à atteindre une autosuffisance alimentaire durable. En effet, bien que le secteur agroalimentaire représente 16% du PIB et 19% des exportations, il reste soumis à des pressions externes et à une concurrence mondiale croissante.
Le secteur agroalimentaire, qui représente 67% des emplois ruraux, demeure un acteur clé dans le maintien de l’emploi au Maroc. Cependant, la dépendance aux importations met en péril cette stabilité et soulève des questions quant à la pérennité du modèle actuel.
Pour Najib Layachi, la stratégie agricole actuelle, qui privilégie l’exportation de produits comme les fruits et légumes, nécessite une réévaluation. Selon lui, cette orientation peut intensifier le stress hydrique du pays et ne répond pas toujours aux besoins des consommateurs marocains, affectés par l’inflation et cherchant une alimentation à la fois accessible et de qualité. Il plaide pour un modèle agricole qui soit plus durable et mieux adapté aux réalités climatiques locales.
Layachi propose plusieurs solutions pour renforcer la résilience du secteur. Il insiste sur l’adoption de pratiques agricoles plus adaptées aux conditions climatiques extrêmes, comme l’agriculture de conservation et les cultures résistantes à la sécheresse. Ces techniques permettraient de maintenir la production agricole tout en préservant les ressources naturelles.
Par ailleurs, il suggère d’encourager la transformation locale des produits agricoles pour réduire la dépendance aux importations et ainsi créer de la valeur ajoutée sur le territoire national. Le développement des filières alternatives, telles que les légumineuses, pourrait diversifier les sources alimentaires et rendre l’offre alimentaire plus accessible et variée.
Enfin, pour garantir une souveraineté alimentaire résiliente, Layachi plaide en faveur d’une innovation technologique accrue et de l’accès au financement pour soutenir les petits agriculteurs. Ce soutien serait essentiel pour accompagner la transition vers des pratiques plus durables et renforcer la compétitivité du secteur agricole marocain.