La question du soutien public à la presse suscite des débats intenses au Maroc et en Suisse, révélant des approches contrastées face à la crise que traverse ce secteur essentiel pour la démocratie. Alors que la Suisse vient d’approuver une aide de 35 millions de francs suisses pour soutenir ses journaux, notamment régionaux, le Maroc, de son côté, est critiqué pour des politiques jugées biaisées et inéquitables.
En Suisse, le Conseil des États a voté presque à l’unanimité une aide exceptionnelle pour sauvegarder la diversité politique, culturelle et sociale incarnée par sa presse écrite. Les élus ont souligné le rôle primordial de l’information complète et plurielle pour le bon fonctionnement de la démocratie. Cet engagement reflète une volonté claire de soutenir un secteur considéré comme un pilier de la société démocratique, particulièrement après les défis engendrés par la pandémie de COVID-19.
a suscité de vives critiques, notamment de la part Le bureau exécutif de la Fédération marocaine des éditeurs de journaux.
Le nouveau système privilégierait les entreprises les plus prospères, souvent liées à des figures influentes du monde politique, y compris des anciens ministres et le chef du gouvernement. Cette orientation, selon les professionnels du secteur, menace directement les petits éditeurs qui jouent pourtant un rôle essentiel dans la pluralité de l’information.
Les critiques vont plus loin. Elles soulignent que le soutien, au lieu de promouvoir la lecture et d’encourager la diversité, se concentre désormais sur des critères commerciaux comme le chiffre d’affaires, au détriment des missions fondamentales du journalisme. Cette approche pourrait entraîner des licenciements massifs dans les entreprises de presse indépendantes, fragilisant davantage un secteur déjà en crise.
La situation met en lumière des visions opposées sur le rôle du soutien public à la presse. D’un côté, un modèle helvétique soucieux de préserver le pluralisme démocratique, et de l’autre, une politique marocaine perçue comme renforçant les monopoles médiatiques au détriment de la pluralité et de l’équité.
Face à ces réalités, la question demeure : comment conjuguer développement économique et sauvegarde de la mission démocratique de la presse ? Une réponse qui, sans doute, nécessite une réforme basée sur des principes de transparence, de neutralité et d’égalité des chances, comme le stipule d’ailleurs la loi marocaine sur la presse et l’édition.