La loi sur le droit de grève constitue un véritable test pour le gouvernement. Bien qu’il dispose des prérogatives nécessaires pour soumettre le projet de loi organique sur le droit de grève et d’une majorité parlementaire pour le faire adopter, il fait face à un enjeu crucial : l’adhésion de la rue. Ce soutien populaire semble lui échapper et pourrait se transformer en un fardeau qui le hantera. Les premiers signes de cette opposition se manifestent déjà, avec des centrales syndicales organisant des protestations dans plusieurs villes, et même les inspecteurs du travail adoptant des formes de contestation.
Pour le gouvernement, il devrait être évident que le rôle des inspecteurs du travail est de veiller au respect des lois en vigueur dans le domaine de l’emploi, qu’elles soient en faveur des salariés ou des employeurs. Leur mobilisation contre la loi sur le droit de grève témoigne d’un consensus sur l’inadéquation de ce projet de loi.
Ce qui est préoccupant dans l’attitude de ce gouvernement, c’est son obstination à gaspiller un temps précieux pour le pays. Pourquoi persiste-t-il dans des débats stériles et des décisions qui manquent de fondements réalistes ? Alors que des gouvernements peuvent commettre des erreurs pardonnables, l’entêtement à multiplier les maladresses semble délibéré, plongeant le pays dans des polémiques inutiles.
Cela est d’autant plus préoccupant que le Maroc s’apprête à relever des défis majeurs sur la scène internationale, comme l’organisation de la Coupe du Monde 2030 avec l’Espagne et le Portugal, ou la consolidation de ses avancées diplomatiques sur la question du Sahara marocain.
Cependant, ce gouvernement semble déconnecté de ces enjeux cruciaux, privilégiant les intérêts de certains lobbies et grands groupes économiques. Cette déconnexion se reflète également dans son inaction face aux grèves massives, comme celles des enseignants l’année dernière, qui ont duré près de quatre mois, ou celles des étudiants en médecine et en pharmacie, qui ont paralysé les facultés pendant onze mois.
Comment justifier des examens pour des étudiants qui n’ont pas pu suivre leurs cours ? Quelle sera la valeur académique de cette promotion ?
La prise de décisions précipitées et unilatérales par ce gouvernement trahit un manque de concertation et de réflexion. Pourtant, la Constitution marocaine de 2011 a introduit le principe de participation, un processus qui a impliqué les partis, la société civile et le peuple marocain lors d’un référendum. Ce modèle participatif semble aujourd’hui absent des pratiques du gouvernement.
Le récent passage de la loi sur le droit de grève devant la Chambre des Conseillers, suivi par des déclarations ministérielles promettant des amendements majeurs, illustre une défaillance flagrante dans le processus législatif.
Ce gouvernement est-il prêt à corriger sa trajectoire et à renouer avec l’esprit de concertation ? Ou continuera-t-il à naviguer à contre-courant, au risque d’aggraver les tensions sociales et de compromettre les intérêts de la nation ?